Le Médium
4.8
Le Médium

Film de Emmanuel Laskar (2024)

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J’aurais mis ma main à couper qu’il s’agissait d’un premier film ! Le Médium est effectivement le premier long métrage de l’acteur/réalisateur/scénariste Emmanuel Laskar, qui est un ancien pensionnaire de la compagnie de Jean-Christophe Meurisse : Les Chiens de Navarre (si vous ne connaissez pas cette troupe de théâtre, qui base tout son jeu sur l’improvisation sur scène, courrez-y : c’est formidable). La première expérience d’Emmanuel Laskar derrière la caméra avait été un court métrage, Calme ta joie, réalisé en 2015 justement avec les Chiens de Navarre, et avec l’aide d’étudiants de la Fémis. Le film avait reçu un bel accueil à la Quinzaine de la Critique cette année-là.

Avec Le Médium, le réalisateur passe donc aux choses sérieuses. Nous avons là une comédie romantique loufoque, un peu foutraque, sur le personnage de Michael (joué par Emmanuel Laskar lui-même), un prof de musique qui sort d’une rupture amoureuse douloureuse et qui a hérité de sa mère récemment décédée de ses dons de voyance. Michael voit les esprits des morts, et peut communiquer avec eux. Le film retrace la rencontre entre Michael et Alicia (Louise Bourgoin), qui est persuadée que l’esprit de son mari récemment noyé hante leur – luxueuse – maison dans la pinède. Alors que Michael tombe progressivement amoureux, sa mission est de renvoyer dans l’au-delà l’esprit gênant du défunt mari.

Un scénario assez mignon qui n’a pas dû être facile à défendre, si bien que l’on ressent le caractère fauché du long métrage. Dans ce même esprit, cette comédie m’a fait penser au film Le Voyage en Pyjama, sorti tout début 2024 et réalisé par Pascal Thomas. Même énergie charmante, même manque criant de moyens.

Je ne me serai sans doute pas attardé sur Le Médium sans la présence au casting de Louise Bourgoin, actrice que j’affectionne particulièrement, autant pour son jeu que pour ses choix risqués de rôles indépendants. Elle campe ici parfaitement le rôle d’Alicia, une femme envoutante et fragile. Loin de l’image classique de la veuve éplorée, elle oscille entre solaire et dépressive, séductrice et joyeuse. Elle est le principal point fort du film. J’ai en revanche eu beaucoup plus de mal avec le jeu de notre acteur-réalisateur (aurait-il dû se concentrer sur la réalisation ?), trop lisse, sans aspérités, mollasson en somme. Le réalisateur parle d’un personnage « hypersensible et poreux », d’une certaine manière c’est tout à fait ça ! C’est sans doute voulu, mais les événements semblent couler sur lui sans l’atteindre, et donnent l’envie de le secouer un bon coup pour le réveiller.

L’image du film n’est pas la plus grande des réussites car elle est très éclairée, à la manière de certains téléfilms qui ne laissent jamais de zones d’ombre. Le long métrage a été tourné dans le Var, département où le réalisateur a passé une partie de son enfance, dans un petit village isolé. Le cinéaste explique : « On a décidé avec Justin Taurand [NDLR, le producteur) de tourner à l’été indien, au mois de septembre et d’octobre. C’est une saison magique, où la lumière impose un romantisme qui se passe de discours. J’ai particulièrement insisté sur les aubes et les crépuscules pour leur côté surnaturel ». Un discours qui pourrait expliquer le choix étrange de certaines lumières sur le film.

Reste la volonté surprenante – mais finalement assez touchant – de représenter les esprits de manière assez grotesque : des êtres fantomatiques, légèrement transparents et auréolés d’un faisceau lumineux. Un choix finalement facile, mais non dénué d’une certaine poésie.

Vous l’aurez compris, Le Médium est loin d’être un chef d’œuvre. C’est tout juste un honnête premier film, sans prétention ni frou-frou, qui vaut surtout pour la présence dans son casting de Louise Bourgoin. Les intentions du réalisateur sont claires : dresser une gentille comédie sentimentale qui oscille entre rire et romance, entre délicatesse en mélancolie. Mais le film apparaît bancal, à la limite de l’exercice de style. Sorti en catimini en plein mois de juillet, Le Médium n’aura jamais réussi à trouver son public, rassemblant à peine 800 entrées lors de sa semaine de sortie nationale, pour un cumul assez médiocre à un peu moins de 3000 tickets vendus.

D-Styx
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le 21 mars 2025

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D. Styx

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