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Netflix nous avait déjà bien enflé à la Noël 2021 avec Don't Look Up : Déni Cosmique, soit un pensum aux allures de soufflé qui se rêvait sans doute comme un réveil des consciences face à la catastrophe. Il s'agissait surtout de la confirmation de la posture d'un réalisateur qui considérait qu'il suffisait de se prendre le menton entre le pouce et l'index pour faire semblant de penser.


Le Monde Après Nous, pour la Noël 2023, et toujours sur Netflix, c'est à peu près la même chose. En peut être pire.


En faisant emprunter cette fois-ci à l'apocalypse la piste du thriller psychologique. Qui rappellera de manière immédiate le M. Night Shyamalan de Knock at the Cabin, avec son Dave Bautista de supermarché incarné par un Mahershala Ali très peu inspiré.


Le reste est à l'avenant, rassurez-vous... Et s'effondre dès les premières minutes de l'entreprise qui se rêvait sans doute en summum de tension et de suspens insoutenables.


Est-ce la faute à l'intégralité des personnages mis en scène, dont aucun ne s'avère attachant et que l'on a très rapidement envie de baffer puis d'envoyer ad patres ?


Est-ce à cause d'une intrigue de plus de deux heures vingt des plus moribondes, aussi plate qu'une crêpe normande et aux rebondissements purement random ?


A l'évidence, oui. Mais la pire tare de ce triste Monde Après Nous, c'est sans doute son réalisateur et scénariste, Sam Esmail.


Comment penser autrement quand on se rend compte que le gars est totalement incapable d'insuffler une quelconque tension à ce qu'il filme ? Au point qu'il en est réduit, en guise de climax au format triple, à mêler une triste fausse piste qui ne mène à rien, une situation totalement mensongère et une parodie lamentable de La Mort aux Trousses. Ou encore à faire toucher le ridicule à Julia Roberts en la faisant hurler pour effaroucher une troupe de biches...


Comment penser autrement quand le type croit rendre hommage à Hitchcock, Fincher ou Shyamalan en les pillant sans vergogne ? Car je m'étonne encore que l'on puisse reprocher à J.J. Abrams ou Zack Snyder certaines marottes de mise en scène, déjà ringarde bien sûr, pour mieux se pâmer sur ces mouvements de caméras piqués au David Fincher de Panic Room ou au Alfonso Cuaron des Fils de l'Homme, pour les photocopiller ad nauseam et s'acheter à peu de frais une image de virtuose, mais plus sûrement celle du gros malin de service ?


Un gros malin au scénario aussi, Sam Esmail. Qui multiplie les pistes, parfois séduisantes, pour seulement quelques minutes plus tard les abandonner en rase campagne sans les avoir exploitées. A moins que celui-ci ne sache pas réellement quoi raconter au juste.


Sauf que si, à la réflexion.


Car après avoir filmé ses pions dans une maison d'architecte que pas grand monde pourrait se payer, après avoir enfoncé les portes ouvertes sur les méfaits du tout connecté sur la famille américaine démocrate, l'égoïsme, le racisme larvé ou les tensions sociales et communautaires, on se rend compte que ce Monde Après Nous n'est finalement qu'un énième tract politique pour vous rappeler de mettre le bon bulletin dans l'urne.


Car après avoir copieusement devisé en chambre et brassé nombre d'éléments sans queue ni tête pour brouiller les pistes, on essaie de convoquer le principe de l' Aube Rouge pour en retourner l'essence et vous dire que l'ennemi vient de l'intérieur. Et je vous laisse deviner de quel côté du champ politique...


On comprend mieux dès lors pourquoi Michelle et Barack Obama cachetonnent à la barre de la production, via leur boîte Higher Grounds, et surtout, le contrat mirifique qu'ils ont signé avec Netflix. Et si l'on vous assène que ces deux là ont "toujours eu foi en la puissance du récit", on ne peut cependant s'empêcher de glousser devant cet important message politique dès lors que celui-ci est constamment parasité par quelques lapsus révélateurs, s'agissant, par exemple, du fait qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion. De quoi se consterner après huit années de mandat ayant préparé le terrain à l'ultra droite à perruque... Ou discerner au contraire une sincérité désarmante, au choix.


Mais après avoir consciencieusement servi la soupe aux gens de bien, Sam Esmail ne manquera cependant pas son épilogue le plus important, surtout après avoir foiré son film dans les grandes largeurs : car oui, cette saleté de môme insupportable pourra enfin regarder le dernier épisode de sa putain de série dans un bunker tout confort. Et après s'être empiffrée comme un goret. C'est qu'il y a des priorités dans la vie.


Après cela, c'est clair que le monde pourra s'effondrer... Sans grand regret, vu ce que l'on aura laissé derrière nous.


Behind_the_Mask, Airbnbide.

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le 11 déc. 2023

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