Voir le film

Le Monde après nous, c'est une expérience. Sam Esmail fait des rouler-bouler avec sa caméra pendant 2h20 (ambiance "Ari Aster la tête à l'envers", et dans l'autre sens : le plan "Ethan Hawke fait des drifts mieux que Vin Diesel"), Julia Roberts et My'hala Herrold sont en surchauffe totale (elles ne font que taper des crises, en bon cliché de l'épouse hystéro tandis que les hommes discutent posément autour d'un verre de whisky...), et surtout le scénariste (encore Esmail) est parti en roue libre. On pense au délire sur Friends qui est éléphantesque au possible (oui, on a compris l'aspect "doudou irréel pour échapper à un monde trop dur avec nous" de cette série, à la cinquième minute avec cette gamine insupportable et complètement caricaturale - on n'y croit jamais -, mais on nous en bassine jusque dans la dernière minute - effroyable de balourdise - de ce film pseudo-intello), on pense aux personnages exagérés dans leur comportement et aux décisions stupides (c'est la fin du monde, alors perdons de vue les gosses toutes les deux minutes, changeons d'épouses, et laissons la gamine tarée continuer avec son délire sériel - on lui aurait spoilé la fin, pour la faire taire). Dans ce qu'il a à dire, Le Monde après nous n'est pourtant pas à la ramasse, s'offusquant des avancées technologiques que l'Homme construit trop vite sans vraiment penser à leur utilisation détournée (manque de maîtrise évident sur de nombreux outils, réseaux, etc...), se révoltant de la place réduite allouée aux animaux chaque jour, pensant aussi aux relations politiques et sociales entre les peuples qui se dégradent sans que l'on n'en parle (sujet tabou, qui "date" uniquement en apparences). Mais le medium utilisé pour faire passer ces beaux messages est encore une fois très balourd : crashs de voitures sans pilotes filmées en mode "Gym Tonic", animaux qui se rassemblent toutes les dix minutes sans qu'on ne comprennent jamais pourquoi (avec cette scène lunaire où

les deux femmes s'époumonent sur les cerfs, puis disent "Les animaux...ils savent quelque chose."

, dans la catégorie "dialogues qui sortent de nulle part", on vous recommande vivement d'écouter les répliques de ce film, c'en est hilarant, ou désespérant, à vous de voir...), le racisme nous est jeté au visage en fonction des sautes d'humeur de l'épouse jouée (beuglée) par My'hala Herrold, et on ne comprend finalement rien à l'ambiance géopolitique, comme le film nous plante sur une non-fin absurde. Le Monde après nous se la raconte à mort, en essayant d'être ce lointain parent du Phénomènes de Shyamalan, filmé en "Ari Aster sur barres parallèles", nous balançant au visage tous les travers de notre société (une idée louable) avec une balourdise incroyable qui nous empêche d'y croire une seule seconde. Et l'hypocrisie monstre de la dernière scène "vive le DVD" par un Netflix qui se croit - lui aussi - très malin, à l'heure où ce dernier empêche la sortie de nombreux contenus en DVD via des droits d'exploitation exclusive, est une blague qui ne fait rire que lui. Après Netflix, le déluge.

Aude_L
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Flop 2023

Créée

le 11 déc. 2023

Critique lue 27 fois

1 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 27 fois

1

D'autres avis sur Le Monde après nous

Le Monde après nous
Shawn777
8

Ross et Rachel finissent ensemble

Ce film, réalisé par Sam Esmail et sorti aujourd'hui même directement sur Netflix, est très bon ! Très bon car il prend le film catastrophe complètement à contre-courant tout en en ayant pourtant la...

le 10 déc. 2023

52 j'aime

42

Le Monde après nous
pivert94
1

Propagande Netflix

Alors là ils ont fait fort... Ce qui m'amuse en 1er lieu c'est qu'il n'y a pas un internaute sur ce site qui s'est rendu compte qu'une coupure de réseau généralisée ne modifierait en rien les flux...

le 26 déc. 2023

32 j'aime

35

Le Monde après nous
Behind_the_Mask
3

La cabane (démocrate) dans les bois

Netflix nous avait déjà bien enflé à la Noël 2021 avec Don't Look Up : Déni Cosmique, soit un pensum aux allures de soufflé qui se rêvait sans doute comme un réveil des consciences face à la...

le 11 déc. 2023

26 j'aime

12

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

48 j'aime

Bob Marley: One Love
Aude_L
5

Pétard...mouillé.

Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur...

le 14 févr. 2024

38 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

36 j'aime