Comme dans Abattoir 5 - dont on reconnaît immédiatement la patte de l'auteur dix ans plus tard - Le Monde selon Garp consiste à vivre une vie comme une aventure dont nous verrions tout en un peu plus de 2 heures.
La première heure du film, il ne faut pas s'endormir devant ! Elle consiste à passer une à trois minutes sur une scène de la vie de Garp puis de sauter un à trois ans plus tard (quoique les bonds sont plus ou moins déterminés).
Les premiers plans enchaînés nous montrent comment l'auteur conçoit la vie de Garp. Il la conçoit comme une couture habile où l'aiguille s'élance loin pour planter son fil et où l'aiguille ressort par un autre trou, le tout sur la même ligne. Ainsi quand la mère annonce à Garp que la vie est une aventure, Garp se met à nager au large. Au plan suivant, un étudiant d'une bonne vingtaine d'années, pas tout à fait mature, court. Le lien est fait et c'est l'activité physique, insérée par un travelling vertical de bas en haut. A partir de là, le fil insère un nouveau décor, des personnages nouveaux mais aussi des personnages connus.

Plus le film avance, moins les ellipses sont explicites car le spectateur est entraîné par une somme de connaissances qu'il n'est pas nécessaire de représenter à chaque fois, même s'ils ont évolué.

Quand Garp propose à sa mère d'aller à New-York. Le plan suivant enchaîne sur un plan général de New-York. On reviendra dans la filée à l'université qu'il a quitté pour retrouver celle qu'il veut épouser pour l'emmener dans un quartier résidentiel, alors que sa mère triomphe en tant qu'écrivaine sexuelle et féministe. Et c'est ainsi fait sur une heure où les liens sont assez ténus au départ, légers puis se densifient à la connaissance du monde de Garp. Le Monde de Garp, c'est un fil qui prend beaucoup d'ampleur au début pour ensuite écourter les distances et les délais ensuite. S'attardant sur le développement de l'adulte alors qu'il se passe plus d'événement sur les 20 premières années de Garp.

A noter l'ellipse en fondu sur le visage de Walter, l'un des deux fils du couple, qui devient alors une forme de bienséance. La mise en scène préconise de temporiser la douleur, de vivre à contre-temps la perte d'un fils pendant que maman castrait un bel et jeune éphèbe pendant une fellation adultérine.

Roy Hill, c'est du lourd.

Abattoir 5 avait ce don de nous emmener de manière surprenante à divers endroits de la vie du héros, sans transition et sans chronologie. Ici, c'est plus démarrer sur les chapeaux de roues qui a rendu le film indigeste car, au final, il garde cette même superficie au long cours de la vie de Garp.
Garp est entouré de femmes, du début jusqu'à la fin, et... elles sont indifférentes, peu attachantes. Et même peu atta-chiantes.
Andy-Capet
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le 11 oct. 2013

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Andy Capet

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