Vers un futur empire global

Xi Jinping est le nouveau grand timonier. Maitre incontesté, il dirige la Chine d'une main de fer. Mais s'il mourrait demain, un autre prendrait la place et les choses ne seraient pas fondamentalement différentes.

Ce documentaire fait semblant de découvrir que la Chine est un état totalitaire. Il l'était avec les empereurs. Il l'est encore depuis Mao et le restera sans doute avec les prochains dirigeants. les empereurs au moins, s'accommodaient de la diversité des populations.
On fait semblant de découvrir les déportations massives de populations. Ce n'est pas d'hier que l'on déplace les tibétains, les hmongs, les Ouïghours, etc... Ils sont dispersés dans les grandes agglomérations chinoises, absorbés, digérés, effacés. Des hans, seuls chinois véritables, certifiés et approuvés les remplacent progressivement sur leurs terres. Cela fait des décennies que l'occident ferme consciencieusement les yeux sur la plus grande opération de purification ethnique jamais entreprise. Mais qui oserait parler de droit d'ingérence à la Chine?
Sophie Lepault et Romain Franklin le découvrent. Ils font logiquement porter cette responsabilité à l'actuelle tête du dragon. Mais la vérité, c'est que l'empire du Milieu s'est éveillé et qu'il veut sa revanche sur les humiliations qu'il a reçues de l'occident.

Il est vrai que l'évolution des technologies a permis aux actuels dirigeants de passer un nouveau cap dans le contrôle des populations. Des caméras partout, reliées à des ordinateurs qui grâce aux techniques de reconnaissance faciale, surveillent tous les chinois et tiennent à jour leur dossier personnel. George Orwell est dépassé. Big Brother a perdu sa moustache et affiche le visage souriant de Xi Jinping.

Mais pourquoi s'en inquiéter? Nous avons toujours obstinément fermé les yeux sur les malheurs des chinois et des peuples inféodés. Je ne sais plus qui disait à propos des inondations cataclysmiques de 1910 qui virent le Yang Tsé Kiang changer de lit, qu'un million de morts en Chine faisait moins de lignes dans le journal qu'un chien écrasé à Paris...

Malheureusement, la Chine n'est pas seulement totalitaire, elle a aussi des ambitions hégémoniques. Elle pille la technologie européenne, use de sa puissance économique pour asservir de nombreux pays en voie de développement, pour annexer une partie de leur territoire, comme Ceylan qui cède sa souveraineté sur son plus grand port pour apurer une partie de sa dette, comme la Grèce qui vend le port du Pyrée, ce symbole de l'histoire et de la culture occidentale. Elle développe des forces armées colossales, construit une marine à marche forcée, implante des bases navales hors de sa zone d'influence naturelle.
Elle veut devenir à brève échéance la première puissance économique et militaire de la planète. Elle le dit ouvertement. Elle ne cache plus ses ambitions.

Cela nous renvoie à nos propres faiblesses. Alors que les chinois défendent farouchement leurs intérêts, nous bradons les nôtres.
Je me souviens d'un temps où on nous annonçait fièrement que nous avions vendu 30 centrales nucléaires à la Chine. Le plus grand marché que la France ait jamais obtenu. Quelques temps plus tard, nous apprenions que nous avions installé une école en Chine pour former les ingénieurs nucléaires chinois. Quelques années plus tard, nous ne devions plus construire que 2 centrales, puis une. Finalement aucune! Et enfin, nous apprenions que les chinois inauguraient leur première centrale de leur conception et construite par eux. Ils ont aujourd'hui plusieurs surgénérateur de conception française alors que pour des raisons politiques et financières nous n'avons jamais mené à bien la construction du nôtre.
Nous leur avons livré généreusement notre technologie... dans ce domaine et dans bien d'autres.
En Inde, pour vendre des avions, nos dirigeants étaient prêts à traiter la construction et la formation sur place des ingénieurs indous. C'est Dassault qui s'y est opposé.
Nous avons aussi vendu Alsthom électrique aux américains, ce qui nous met devant un dilemme pour la succession du "Charles De Gaulle": construire un autre porte-avions nucléaire et nous mettre à la merci des américains pour les turbines "Arabelle", indispensables à son fonctionnement, ou revenir en arrière et construire deux porte-avions à propulsion classique (en raison de leur très faible autonomie, il en faut deux pour assurer le même service), dont nous maitriserions l'ensemble de la construction et de la maintenance. Le problème de nos sous-marins nucléaires et de nos frégates lance-missile n'a pas encore été évoqué.
Je pense que bon nombre de nos dirigeants devraient rendre des comptes à la justice.

Face à ces défis mondiaux et aux enjeux à venir, lorsque je regarde la télévision et entend les préoccupations des français et des européens en général, je constate que nous sommes devenus obsolètes.
Nous ne nous intéressons plus qu'à nos petits avantages mesquins. Les intérêts communs n'ont plus aucun sens pour nous. Je pense sincèrement que si nous continuons dans ce sens nous ne tarderons pas à être asservis économiquement par certains, inféodés politiquement par les uns, soumis idéologiquement ou religieusement par les autres.
Ce sont nos générations qui seront responsables de la perte de notre indépendance économique, de notre effacement de la scène politique internationale et à terme de la mise aux oubliettes de l'histoire de notre culture et de notre civilisation.
Je repense à mes grands parents, à mes ancêtres qui se sont battus, ont souffert, se sont privé de tout pour assurer l'avenir de leurs enfants et j'ai honte d'appartenir à cette génération.

De tous temps les plus grandes épreuves qu'on pu subir les hommes leur ont été annoncées par "des oiseaux de mauvaise augure". Cela n'a jamais empêché aucune catastrophe. Les hommes ont toujours choisi de se boucher les oreilles et de fermer les yeux, s'emmitouflant dans leur petit confort bourgeois, espérant lâchement que ça s'arrange, plutôt que d'affronter la dure réalité.
"Les oiseaux de mauvaise augure" sont plus nombreux aujourd'hui que jamais et sont régulièrement voués aux gémonies.

Mais n'oublions jamais que Cassandre avait raison.

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Nous venons de vendre 300 airbus à la Chine. Mais l'accord prévoit que les A320 Neo soient assemblés en Chine. Ca s'appelle un transfert de technologie. Combien seront réellement achetés lorsque les chinois sauront les construire?
Je comprends pourquoi les chinois s'étonnent de la facilité avec laquelle nous cédons notre technologie. Nos dirigeants ne tiennent aucun compte de l'expérience lorsqu'ils peuvent lancer un effet d'annonce.