Le Paris de 1974, la rue Championnet dans le XVIII e arrondissement, le café renaissance, d'où part l'intrigue de ce film de Deville qui n' a rien perdu de sa superbe et de sa force.
On est entre Bel Ami et Rastignac, où les morts ne dérogent pas à la définition de la comédie.
Le regard lascif et mélancolique de JP Cassel, derrière ses fiches et son lait fraise, interprétant un prof de musique coincé, rivé à la même table de brasserie ; son personnage virera du performatif cynique à la performance finale.
La pétulance de JL Trintignant à collectionner meilleurs plans fric et nénettes,
que ce soit en gigolo, bon époux à l'église, patron de presse, agent immobilier, il est forcené.
Ca marche à fond et pourtant Deville n'hésite pas à outrer la caricature du capitalisme à la papa des années Giscard, qui n'est plus une caricature désormais...
Les acteurs sont excellemment justes, toutes les femmes sont magnifiques, même Mary Marquet en vioque friquée. Romy Schneider est ahurissante de sincérité et verse avec la même crédibilité dans la loufoquerie.
Ya des moments croustillants, Birkin Trintignant au lit à jouer aux dominos, ou encore en cadre affairé à lancer les osselets sur un bureau, Romy Schneider dépoilée sous son trench coat blanc, ou encore susurrant 'c'est embêtant, de commander un dessert et d'avoir le repas en entier', les amours lesbiennes de Florida Bolkan avec l'apparition furtive de Christine Boisson... et tout cela rythmé par le rondo cappriccioso en la mineur op 28 de St Saens.

Goguengris
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le 7 févr. 2016

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