Kiyoshi Komori (aussi connu sous le nom de Haku Komori) a connu durant les années 70's les honneurs d'une sortie française avec L'enfer d'Okinawa, affligeant film de guerre patriotique (désormais totalement oublié à juste titre).
Et bien ce n'est pas de Cuirassé Mutsu qui va venir réévaluer le cinéaste. Cela dit le film est mieux réalisé, bénéficiant sans doute d'un budget un peu plus confortable et d'une équipe technique mieux rôdée. On trouve par exemple des scènes de raids aériens qui mélangent habilement images d'archives et séquences tournés (stock-shots ?) dans un montage très nerveux et percutant.
La photo n'est pas trop mal non plus et le cinéaste livre quelques plans inspiré. Curieusement, ce n'est pas du tout dans le registre du film de guerre qu'ils se situent mais dans le polar. Il y a un stupéfiant plan de quelques secondes avec des pistolets surgissant en amorces des deux coins du cadre pour tirer sur des espions dans l'arrière plan. Mais pour quelques fulgurances (dues à un réalisateur de seconde équipe ?), il faut se farcir une réalisation très académique et frigide.
Pourtant le scénario aurait pu donner quelques choses de passionnant avec des espions occidentaux qui utilisent des pacifistes pour dynamiter le cuirassé. C'était sans compter des rebondissements répétitifs à la limite du cartoon (la chaussure explosive !), des personnages mal écrits (l'histoire d'amour ne fonctionne pas), sans profondeur (les méchants inexistants) et joués par des acteurs manquant de conviction malgré quelques officiers un peu plus nuancés comme Bunta Sugawara tout jeune.
Après, les 20 dernières minutes ne sont pas trop mal dans sa tentative de créer un suspens avec une bombe sur le point d'exploser tandis que les officiers comprennent doucement le drame à venir et lancent une course contre la mort. Mais là aussi, la réalisation est trop maladroite pour que a tension fonctionne pleinement.
Volontairement ou non, le cinéaste rappelle dans les dernières secondes du film que les vrais raisons de l'explosion sont toujours inconnues... Une manière de reconnaître l'inutilité de son œuvre ?