Très classique mais vrai chef d’œuvre.

En résumé : vous avez vraiment besoin de mon avis pour un film autant diffusé ?


C'est notre film préféré en commun mon mari et moi (avec Brazil, The Rocky Horror Picture Show, The Nightmare Before Christmas, etc.). Juste que mon mari connaît les répliques par cœur (dès fois c'est pas moi le gros malade !).


Je vais essayer néanmoins d'apporter quelques éléments objectifs.


Une éducation du regard : Ce film apprend à regarder un film. Le novice est notre alter égo qui découvre les lieux et l’histoire. La caméra pointe des éléments sans exposition (le plan sur la trombe fraîchement creusée au début du film) qu’il faut décoder par soi-même. On arrive physiquement menacé par cette forteresse qui va être un refuge contre le froid, mais une ennemie aussi. Il va falloir l’affronter. La porte s’ouvre sur une galerie de personnages qui sont tous plus inquiétants les uns que les autres. À qui se fier ? On progresse à travers les détails qui s'accumulent, toujours par le regard d'abord, les explications ensuite. En ce sens, c'est le meilleur film de Sherlock Holmes que j'ai jamais vu.


Un grotesque "d'époque". Si on peut trouver un peu lourd, les visages grimaçants, les personnages presque caricaturaux, on peut aussi y voir un hommage à l'imagerie médiévale. Nous sommes surtout contents de voir des gueules à l'écran. J'ai l'impression que ce film est le dernier film de "gueules" jamais fait. Il y a de bonnes tronches encore dans le cinéma entre Depardieu, Nahon, Reno, Lavant, Lamy, etc., et peut-être aussi Cassel, Lindon ou Kassovitz... Mais il n'y a un peu que Jeunet et Caro ou les Deschiens pour avoir gardé cette qualité des « films de gueules » (et encore pas toujours). Je ne vais pas lancer un débat qui aura plein de contre-exemples mais disons qu'on renoue avec des films qu'on aime, ceux de Michel Simon, Fernandel ou les films avec Blier, de Funès, etc. Les Tontons flingueurs au monastère...


Détail et démesure. La précision de plans simples (comme le lavage des mains à l'arrivée) est mise en opposition aux images démesurées (le labyrinthe, l'incendie infernal...). Le même soucis est porté aux personnages chacun ayant des vices et des défauts humains – et tout est montré, autre talent du film - face à l’institution implacable qui a des vices des des défauts d’un tout autre niveau ! Le tout servant à démontrer l’ignominie d’une époque, la haine du savoir, les débats sur le sexe des anges au mépris de l’humanité, les jeux de pouvoirs indécents...


La musique. On peut éventuellement être réticent à la musique au synthé mais elle fini le caractère du film avec son jeu de cloches, sa réverbe et ses basses… Elle a le grand talent de laisser la place aux images et de ne pas nous prendre par la main tout du long mais de plutôt nous suivre.


A quelques exceptions près, un classique, comme un chef-d’œuvre, se doit d’avoir un peu de tout (à moins que le concept et la contrainte du film soient de faire quelque chose de « pur »). Mystère, humour érotisme, peur, dégoût, révolte… La palette de ce film est large. Parfois dans la même scène qui peut-être lue d’une façon ou d’une autre au grès des visionnages. Je pense à l’idiot sur le bûcher qui souffle sur ses braises, scène tour à tour poignante, ridicule, macabre…

Donc pour moi, pour nous, la question ne se pose pas de savoir si ce film mérite une autre note que 10/10.


(Et y’a quand même Lonsdale qui a réussi à embrasser Sean Connery sur la bouche… WOOOOOO !!! (même si c’est d’un baiser fraternel et chaste, vous n'avez pas idée de ce que ça représentait à l'époque)).


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10/10

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JaiVuTout
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le 12 janv. 2025

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