Ghetto symphonique, émotion mécanique

Dans Le Pianiste, Roman Polanski retrace la survie du musicien juif Wladyslaw Szpilman dans le ghetto de Varsovie, porté par une mise en scène sobre et un regard historique précis.


J’ai apprécié la manière dont le film suit, presque chronologiquement, l’effondrement progressif de la ville et des repères de Szpilman. La guerre avance lentement, et cette lenteur devient le rythme même du récit : une guerre sans fin, une attente oppressante. Ce tempo donne au film une certaine justesse, bien que parfois au détriment de l’émotion. La performance de Adrien Brody est tout en retenue, même si j’ai regretté un manque de profondeur dans l’écriture de son personnage, surtout dans la première moitié. Il est loin de l’intensité qu’il atteindra dans The Brutalist (difficile de ne pas faire le parallèle entre les deux œuvres), mais reste convaincant.


Là où le bât blesse vraiment, c’est dans la manière trop lisse et académique dont le drame est mis en scène. Certaines séquences pourtant prometteuses – comme celles au piano – passent sans éclat. De plus, le traitement très manichéen des personnages allemands, réduits à des caricatures de cruauté, affaiblit le propos là où la représentation de la population juive semble plus nuancée, et donc plus juste.


Je reconnais les qualités de réalisation et la portée historique du film, mais il n'a jamais réussi à réellement me toucher.

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le 19 mai 2025

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lklgf

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