Un poing, c'est tout

Dans la filmographie de Jackie Chan, je suis beaucoup moins adepte des innombrables films d’arts martiaux à l’ancienne qu’il a fait au début de sa carrière, avant qu’il ne devienne une star. Et on a beau ressortir chacun de ces films aujourd’hui en mettant Chan en avant sur les jaquettes, même lui ne les aime pas trop ; c’était avant qu’il ne développe son propre style, et dans un bonus du DVD anglais du Marin des mers de Chine, il racontait que les réalisateurs comme Lo Wei ne lui laissaient pas tellement le temps de perfectionner les chorégraphies.
J’avais quand même envie de donner sa chance à un autre de ces films à petit budget avant que je ne boucle mon cycle Jackie Chan, et parmi les moins mal notés et que je n’avais pas encore vus, il y avait Le poing de la vengeance. De Lo Wei, justement.

Le maître d’une école d’arts martiaux gagne un titre de champion à une compétition, mais un autre meilleur se disant meilleur que lui vient l’affronter, et le bat à mort. Un des élèves du défunt, incarné par Jackie Chan, se jure de le venger.
Je m’attendais à avoir droit à la même histoire qu’à chaque fois, un affrontement entre deux écoles d’arts martiaux… et c’est un peu le cas, mais le scénario apporte quand même quelques variations.
Il s’avère que le maître adverse a tué l’autre à cause d’une ancienne histoire d’amour avec sa femme, qui finit par se suicider. Et alors que le héros veut au départ tuer le meurtrier, un retournement de situation le fait lui laisser la vie sauve… mais il se retrouve enrôlé malgré lui par un clan adverse de criminels.
Les twists sont intéressants, mais le scénario reste malgré tout bourré de défauts.
Entre le meurtre du début et les évènements suivants, il y a une énorme ellipse, sans qu’on nous l’indique. C’est à la fin d’une séquence qu’on dit à Chan que c’est l’anniversaire du décès de son maître. Ah bon, ok.
On n’évite pas de gros moments de n’importe quoi, toute l’explication du plan des méchants à la fin, et les scènes de combats forcées, justifiées par un prétexte très léger. Alors qu’il voyage à la recherche de l’école de son ennemi, le héros tombe sur le clan des Wings (on croirait une équipe de foot US, mais non), qui le provoquent et en fait le laissent partir, puis reviennent, et repartent, et le re-provoquent dans la séquence suivante, avant qu’il n’y ait vraiment un affrontement.

Pas de surprise concernant l’action en revanche, j’ai retrouvé ces combats mécaniques, qui ressemblent plus à des démonstrations d’arts martiaux qu’à de vraies luttes, avec une légère pause marquée à chaque coup. Et puis évidemment ces bruitages exagérés de froissement de tissu à chaque mouvement.
Ok les cascadeurs sont souples, ils savent enchaîner les coups en une prise, faire des roulades, … mais les combats ne sont pas vraiment intéressants.
La petite originalité, c’est qu’un unijambiste participe à un moment, mais c’est un peu risible.
Heureusement, certains sont un peu plus dynamiques, mais il n’y a que lorsque Jackie devient fou de rage pour les derniers combats que je me suis réveillé.
Au moins, à cette époque, les réalisateurs filmaient en plan large et faisaient peu de coupes. Par contre Lo Wei emploie souvent une courte focale, des fois c’est à la limite du fisheye, c’est complètement moche.
Le plus gros fail toutefois, c’est cette femme pendue… on ne la voit en entier, de dos, que pendant une demie-seconde, mais on voit que c’est un mannequin. Surtout qu’ensuite on voit longuement ses mains, deux fois trop grosses pour être vraies.

La VF ridicule évite un peu l’ennui. Il y a un type nommé Fung Ki (est-ce fait exprès ?), un Fatso (qui n’est même pas gros), et la traduction a assurément été faite à partir d’un doublage anglais, vu qu’il y a aussi une Betty (impossible pour moi du coup de ne pas penser à Kung pow).
Et un des personnages a la voix de Stan Marsh (que j’avais déjà entendue hier, dans Project S).
Bon, c’était pas terrible malgré quelques idées… mais j’ai vu pire, quoi.