David Lean est considéré comme l'un des meilleurs cinéastes par certains. Je constate alors avec effroi (oui, j'exagère un peu) que je n'ai toujours vu que le génial Lawrence d'Arabie. Je décide donc de me pencher sur sa carrière en m'attaquant au fameux Le pont de la rivière Kwaï, film de guerre, retraçant la construction de ce pont par les prisonniers britanniques.
Evidemment, il y a énormément de liberté par rapport à l'histoire avec un grand h. D'ailleurs, on pourrait reprocher à Lean de présenter une version largement édulcorée de cet événement de la Seconde Guerre mondiale. Exit les atrocités des Japonais qui viennent même à s'abaisser par moment au niveau de leurs prisonniers. En réalité, l'intérêt du film de Lean ne se retrouve pas dans les conditions de détention des prisonniers. Pour rappel plus de treize mille soldats alliés mourront dans la construction de la voie de la mort.
Mais il serait quand même faux d'affirmer que Lean occulte totalement ce fait. L'oeuvre débute par des soldats enterrant des compagnons et on y constate des Alliés souffrant de la chaleur et des conditions de détention. A cela s'ajoute la maladie. Il est aussi évident que le colonel japonais montre de la poigne face aux officiers britanniques. Mais, Lean va essentiellement s'intéresser dans un premier temps au duel de poigne et de contrôle des troupes qui va opposer le colonel japonais à son homologue britannique. C'est au premier qui cèdera.
Cet aspect est assez intéressant car il va permettre d'aborder la seconde partie de manière totalement différente. Une fois que les conditions du colonel Nicholson sont acceptées par Saïto, l'officier britannique va alors se mettre au service des Japonais pour la construction de ce fameux pont. Et on peut même y voir un excès de zèle. En réalité, on sent au fur et à mesure que l'on avance que Nicholson s'approprie, bien malgré lui, la construction de cet édifice. Et pour y parvenir il maintient une discipline auprès de la troupe. L'oeuvre pose bien la question de ce que l'on serait prêt à faire par rapport aux ordres que l'on reçoit et à quelle fin peut être utilisée la discipline.
Pour moi le film demeure trop long. La faute essentiellement à l'histoire qui se divise en deux. Si l'histoire de l'officier britannique est intéressante, celle de l'Américain l'est nettement moins par moment. Notamment dans sa mission pour aller détruire le fameux pont avec d'autres soldats. Leur marche dans la jungle est un peu trop longue et si, évidemment, leur but va de pair à l'histoire que l'on raconte du colonel Nicholson, la raccourcir n'aurait pas été désagréable.
Malgré tout le film comporte de nombreuses séquences cultes et parfois même drôles (le moment où l'on dévoile la véritable identité du soldat américain). A cela s'ajoute un casting cinq étoiles et une photographie remarquablement bien travaillée. La réalisation de Lean suit magnifiquement bien et si on excepte les quelques défauts, on est bien face à un grand film.
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