Au delà de sa légende (la rencontre de Bogart et Bacall, soit l'un de ces moments fondateurs de la mythologie cinématographique), "Le Port de l'Angoisse" est un non-événement : le brio hawksien y est bien pâle, le scénario y est tiède et pas très intéressant - on retrouve les thèmes habituels du romantisme viril d'Hemingway, plutôt assourdis par l'irréalisme Hollywoodien de la reconstitution -, et on a l'impression de voir une version affadie de "Casablanca" dont "Le Port de l'Angoisse" ne possède pas le romantisme échevelé. Pourtant, comme prévu, voir Bogart et Bacall tomber amoureux l'un de l'autre "live" constitue un superbe moment de cinéma, et, si l'on accepte la théorie des Cahiers que tout film n'est qu'un documentaire sur les conditions de sa production et de son tournage (son propre "Making of" comme on dit aujourd'hui), alors "Le Port de l'Angoisse" est absolument fascinant.
[Critique écrite en 2005]