Gilles de Maistre habitué talentueux du reportage télévisé, s'est lancé dans l'aventure cinématographique sur le thème de la naissance après avoir filmé une centaine d'accouchements pour un reportage dans une maternité parisienne. C'est donc épaulé par une équipe d'enquêteurs qu'il est parti à la recherche de femmes en cours de grossesse, aux quatre coins du monde, avec des rituels et des pratiques liées à l'accouchement toutes différentes les unes des autres.

Nous voici donc entrainés aux côtés d'une dizaine de femmes enceintes sur le point d'accoucher (des parturientes, en langage médical). L'aventure humaine s'axe autour d'une éclipse solaire totale, véritable lien, trait d'union entre tous ces portraits, les rattachant toutes à la même planète, à la même époque.

Le voyage débute aux côtés de Gaby, qui va bientôt donner naissance à Cancun (Mexique), dans une piscine, accompagnée d'un dauphin, ce dernier communiquant avec le bébé par ultra-sons. Nous faisons ensuite un tour du monde : Kokoya, une femme Massaï de Tanzani va mettre au monde son septième enfant dans une hutte, après avoir consulté le sorcier. Vanessa et Mickaël, la québécoise et l'américain, des alter-mondialistes vivant en communauté dans le Maine, accompagneront la naissance de leur premier enfant sans aucune assistance médicale, avec le seul soutien de la communauté. A Paris, Sandy est danseuse de cabaret : elle accouchera à l'hopital, en maternité. Contraste fort avec Mané, une jeune touareg du Niger, qui accouchera à même le sable, à l'écart des tentes et des hommes, dans l'intimité des femmes et de sa mère. Après le désert de Kogo, Gilles de Maistre nous confine aux rigueurs du froid du grand nord, plus particulièrement en Sibérie, où Elisabeth, jeune fille de la tribu Dolgan, ira accoucher à l'hopital de Khatanga, par moins cinquante degrés de température extérieure.

Au bord du Gange, c'est Sanita qui donnera la vie à son quatrième enfant, aidée de la sage-femme du quartier. Dans l'humidité de l'Amazonie Brésilienne, Majtonré, une indienne Kayapo, va accoucher entourée des femmes du village, après s'être faite peindre le corps. Enfin, le voyage nous amène en Asie, avec deux accouchements aux méthodes contrastées : le Tu Du Hospital, à Ho Chi Min (Vietnam), possède la maternité la plus active de la planète, avec près de 45,000 accouchements par an. A l'opposé, le Dr Yoshimura propose à Yukiko, notre dernière maman, un accouchement ancestral, reculé de la civilisation et du monde médical, dans les banlieues de Nagoya, au Japon.

Sublimé d'une bande-son composée par Armand Amar, ce film-documentaire retrace l'histoire d'une universalité transcendant toute différence, qu'elle soit géographique, ethnique, culturelle, qu'elle se passe dans la tradition ou la modernité, dans la plus grande pauvreté ou dans un certain luxe. Gilles de Maistre transporte magnifiquement bien à l'écran ce don de la nature, parfois mortel, souvent joyeux, toujours émouvant, qu'est celui de donner la vie. Le premier cri est une ode à la vie et à la femme, un film à ne pas rater.
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le 13 nov. 2010

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Brice B

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