Curieux film que cette deuxième réalisation d’Alexandra Leclère. Sur le postulat d’une comédie acide ou vulgaire, le film glisse progressivement vers le drame pour éviter de sombrer dans la farce misogyne que certains pourtant y voient. Heureusement que c’est une femme à l’écriture et derrière la caméra cependant car, il faut en convenir, la femme en prend pour son grade. Décrite comme une personne intéressée ou illuminée tandis que monsieur, les pieds bien ancrés dans la terre, travaille pour entretenir bobonne, on ose imaginer les réactions si l’auteure (ou plutôt une « autrice » qui, grammaticalement, semble plus logique mais là n’est pas le sujet) avait été un auteur. Ce n’est de toute façon pas la première, ni la dernière fois, en atteste le pitch et le ton de Garde alternée, qu’Alexandra Leclère serpente autour de la ligne blanche.


Résumer le film à une charge contre la gente féminine est cependant une imposture intellectuelle, la réalisatrice se chargeant aussi d’arranger le portrait des hommes dont les motivations dans la vie se limitent au cul, au fric et à la réussite (et à gifler leur femme aussi à l’occasion). Autrement dit, ce Prix à payer paraît, de prime abord, se résumer à une avalanche de clichés mais, on ne parvient jamais à le savoir vraiment s'il s'agit d'un jeu autour des caricatures ou d'un jugement définitif sur les tares intrinsèques des uns et des autres. Le film n’apporte pas de réponse mais il ne conduit quasiment jamais ses personnages sur le chemin de la tendresse même s'il décrit fort justement leur solitude et leur ennui. C’est, à force, quelque peu dérangeant.


Tout n’est pas faux dans ce qu’on voit ici mais c’est profondément maladroit. On rit quelques fois mais la comédie n’est jamais franchement vacharde. Le passage au drame est plus juste mais ce changement de ton, pourtant très vite perceptible, conduit le récit dans une impasse. La conclusion montre que le film est plus intelligent qu’il n’y paraît mais, à sa vision, on en perd quelque peu son latin. On retiendra de cet étrange film au rythme pas toujours bien maîtrisé l’interprétation qui sauve également certaines scènes.

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le 18 août 2021

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