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Un film de procès de quasi 2h entièrement en huis-clos ? Eh bien j'avoue ne pas avoir vu ça avant, et je trouve cela particulièrement excitant. Les films de procès sont un genre de films qui m'intriguent tout particulièrement. Avec cette atmosphère protocolaire, mélangé à la rhétorique et le bon mot, ça donne quelque chose de quasi-immaculé.

La comparaison avec la récente palme d'or, "Anatomie d'une chute", est tentante. Mais justement, Le Procès Goldman est comme qui dirait une espèce d'anti-"Anatomie d'une chute", car l'accusé ici (joué par le grand Arieh Worthalter, qui m'avait pas mal plu dans "Bowling Saturne" l'année dernière) ne semble pas être ici à contre-coeur, mais est finalement à sa juste place, avec un charisme fou et une palabre impeccable. Et au-delà de ça, je trouve que tous les partis représentés tirent vraiment leur épingle du jeu, là où dans "Anatomie d'une chute", seul Antoine Reinartz semblait pleinement à l'aise dans son rôle d'avocat général. Le personnage du maître Georges Kiejman est vraiment bluffant, et réussi à tenir tête face à la tête brûlée Goldman, joué par Arthur Harari (tiens tiens, le coscénariste d'Anatomie d'une chute), le président aussi arrive à donner de la voix, joué par Stéphan Guérin-Tillié, ou encore maître Henri-René Garaud, qui tape là où ça fait mal, joué par Nicolas Briançon.

Autre chose assez étonnante, on arrive ici directement au dernier procès de Pierre Goldman, sans autre forme de procès, et on se remémorera de l'affaire sur le tas, ce qui permet de s'imprégner du sujet dans cette atmosphère qui semble déjà lourde. J'avais déjà vu le "Faites entrer l'accusé" sur lui il y a quelques années, donc je connaissais déjà un peu. D'ailleurs le film utilisera le procédé de l'introduction écrite, avec le déroulé des procès passés de Goldman, mais c'est suffisamment lent et concis que je ne m'en plains pas.

D'ailleurs je trouve certaines similarités avec "Anatomie d'une chute" (encore lui), avec notamment un coup de caméra remarqué, qui ferait presque amateur, quand l'un des avocats s'insurge de quelque chose. Cela encre d'autant plus le film dans le réel. Alors effectivement, quand bien le film est tiré du vrai procès, il reste une fiction, le début de générique de fin nous l'indiquant explicitement d'ailleurs. Mais le travail de recherche qui a été fourni pour rendre le plus vraisemblable cette reconstitution est admirable, et ajoute ce film dans les exemples à suivre.

Bref, un film de procès qui se démarque par le simple fait qu'il ne parle que procès, sans surcouche, avec des personnages (et des acteurs) charismatiques, une tension assez spéciale, notamment entre les policiers et le fan-club de Goldman. L'électron libre Pierre Goldman qui se fourvoie avec véhémence, qui nage entre le milieu du militantisme armé, ses combats légitimes, et ses braquages dégueulasses, il est presque difficile de cerner le personnage, mais il en est d'autant plus fascinant.

(Vu le 30 septembre 2023 au cinéma)

On en parle dans le Ciné-florg #55

Et dans le Ciné-florg #57 avec LeJulien_

Tiflorg
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le 26 oct. 2023

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