Attention quelques spoiler sont présents dans cette critique.
La première chose qui frappe dans le promeneur d’oiseau, c’est le découpage des scènes et particulière cette opposition quasi systématique entre le milieu urbain (la « nouvelle chine ») et le milieu rural (« l’ancienne chine »). Une opposition en apparence seulement car le but du film n’est pas de marquer un contraste permanent entre les deux mais de les rapprocher mais on verra cela plus tard. Le début du film montre un homme âgé qui a promis à sa femme décédé de ramener l’oiseau qu’ils ont élevé ensemble dans leurs villages natal afin que ce dernier chante une dernière fois sur la tombe de cette femme et qu’il s’envole ensuite de cette dernière.


Malheureusement, le temps presse car l’oiseau âgé de 18 ans ce fait vieux et la mort approche pour lui. Pour couronner le tout, il doit emmener sa petite fille âgée de huit ans qui ne connaît que le luxe de la vie en ville car ses parents tout deux « homme d’affaire » ne trouvent personne pour garder leur fille. Ses deux personnages que tout opposes devront alors apprendre à mieux se connaître. Ce qui est intéressant dans ce film, c’est le nombre de sujet qu’aborde le film.


On a tout d’abord le contraste entre les grandes métropoles chinoises qui grandissent sans cesse et qui sont à la pointe de la technologie et les petites campagnes environnante qui semblent figé dans le temps. Pour marquer cette idée le réalisateur montre le luxe des habitations dans les villes et l’austérité des habitations de campagne. Il utilise également des time-lapse pour passer du jour à la nuit et ainsi signifier que la ville ne dort jamais et qu’elle est en perpétuelle mouvement.


Le long métrage parle également de la perte des valeurs familiale dans un environnement urbain ou le travail et l’argent prime sur le reste. Pour montrer cela le réalisateur montre en premier lieu que les parents de la gamine perde la notion du temps comme par exemple le fait que le père oublie que sa fille est en vacance et qu’il la réveille comme pour un jour d’école. D’ailleurs le time-lapse va dans cette idée car il montre une ville qui ne dort jamais que ça soit le jour ou la nuit. Pour les pertes de valeurs familiales, le réalisateur nous montre d’abords que le couple que l’on suit est à la dérive grâce à la réalisation.


En effet lors de l’anniversaire de leur fille, le couple n’est jamais montré ensemble dans un même plan ce qui montre irrémédiablement qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde. Pour ne rien n’arranger, le père de la jeune fille est en froid avec son propre père. On a donc affaire à une famille morcelé qui n’arrive pas à retrouver un nouveau souffle. Enfin l’enfant roi est également au cœur du film. En effet dû à la surpopulation de la Chine, la politique de l’enfant unique choyé est de rigueur. De ce fait, le comportement de la gamine dans la première partie du film ne me semble pas caricatural car des gamins chiant comme ça ils existent. D’ailleurs, dans cette première partie, le réalisateur commence déjà à converger vers un mélange entre la « nouvelle » chine et « l’ancienne » Chine, notamment quand Renxin observe ébahit une chenille qui monte le long d’une feuille avec son portable à la main.


Le but de ce voyage initiatique à travers une Chine au multiple visage est donc d’observer l’évolution du comportement de la jeune fille qui prends conscience qu’elle n’est pas le entre du monde et que cette aventure en pleine nature lui apportera une ouverture d’esprit qu’elle n’avait pas au démarrage. De ce fait on constate que la ville disparaît presque du récit dans la seconde partie du film pour laisser place à des paysage plus verdoyant et bien moins urbains ce qui montre l’évolution de l’état d’esprit de cette petite. Le scénario tient la route, les acteurs sont tous justes et la BO est de très bonne qualité et augmente l’impact émotionnel.


Au niveau de la photographie la encore c’est du bon niveau et le film nous gratifie de magnifique paysage. Cependant le film n’est pas exemplaire ou diront nous il tente de l’être pour toucher un maximum de personne. De ce fait, on a le droit à un scénario cousu de fil blanc sans rebondissement majeur. On marche en sentier battu ce qui peut agacer. Heureusement on évite le pathos et le long métrage est sincère dans ses propos ce qui n’est pas commun non plus.


Au final, je suis assez étonné du nombre de personne n’ayant à mon sens pas compris le message final du film. Le film n’a pas pour but de mettre sur un piédestal les valeurs traditionnel de la chine et de rejeter massivement la « nouvelle » Chine, mais au contraire d’unir le meilleur de ses deux « cultures » qui cohabitent dans un même pays. Car l’homme sage n’est il pas celui qui parvient à réunir le meilleur des cultures qu’il a côtoyé durant ses périples.


Pour signifier cette idée, le réalisateur montre que le doyen de la famille décide de moderniser son mode de vie en s’achetant un meilleur portable ou en promettant à sa petite fille de la voir sur Skype car ils sont trop loin. Cette dernière suit le chemin inverse de son grand-père en amenant chez elle un oiseau qui symbolise la nature et qui est à l’origine de ce parcours initiatique. Une deuxième lecture du film est également possible et c’est celle de la renaissance.


En effet, à la fin du film, l’oiseau qui devait chanter une dernière fois sur la tombe de la grand-mère de la jeune fille décède. Afin de ne pas peiner son grand-père qui a fait tout ce chemin dans ce but, elle décide d’échanger son Ipad dernière génération contre un oiseau plus jeune d’un enfant de son âge qui est de la même race que l’oiseau de son grand-père. Encore une fois une scène qui a plusieurs sous texte. En premier lieu il montre l’évolution psychologique de Renxin qui accepte les deux héritages que lui laisse la chine : celle de la « nouvelle » et de « l’ancienne » Chine.


Une autre signification montre également que tout comme la nature, l’animal est éternel en tant qu’espèce ce qui montre également la croyance des chinois envers les esprits. On peut comprendre cela quand une des copines de la jeune fille lui annonce que l’arbre n’a pas d’âge car il est éternel. En remplaçant l’oiseau mort par un autre vivant, Renxin met en exergue l’éternité de la nature.


L’oiseau fera également office de renaissance auprès de la famille car cette quête initiatique dont il est le moteur permettra au père et au grand-père de ce réconcilier et de rapprocher ses parents et d’éviter une éventuelle séparation car quant on recommence tout de zéro, cela symbolise une renaissance non ?


Au final, le promeneur d’oiseau est certes un film cousu de fil blanc dans sa trame scénaristique qui pêche parfois dans un excès de bon sentiment. Mais ses différents niveaux de lecture, sa réalisation limpide qui permet de comprendre instinctivement des scènes sans dialogue, ses acteurs et sa sincérité, en fond un beau film.

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le 5 août 2015

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