Le Renard
6.9
Le Renard

Film de Mark Rydell (1967)

J'ai toujours aimé relever la sensualité d'une femme dans un film, et ce au risque de passer pour un sexiste misogyne. Pourtant, ce que j'apprécie, ce sont les rôles féminins forts. Par exemple, j'aime les personnages féminins de Aldrich : ils sont complexes, capables d'être forts, mais aussi capable de céder aux pires bassesses. Après tout, pourquoi ne réserver ces rôles-là qu'à des hommes. Si seulement aujourd'hui le auteurs donnaient un peu plus de place aux femmes, à leurs tracas. Qu'il ne s'agisse pas seulement de la voir armée d'un flingue à dégommer des nazis ou que sais-je, ce serait trop simple (mais fun, avouons-le). Dans "The fox", trois personnages (quatre si on compte l'intervention d'un homme pendant 30 secondes à la fin), deux femmes et un homme. Deux femmes pas forcément fortes ni faibles, mais plutôt les deux en même temps, des rôles complexes.


Vous l'aurez compris, l'intrigue de "The fox" est incroyablement minimaliste. C'est une autre qualité que j'apprécie énormément dans les films. Ne pas s'encombrer de sous-intrigues pénibles, plutôt privilégier la limpidité d'une trame simple. En effet, ici, nous avons deux femmes qui vivent recluses dans leur ferme. L'élément déclencheur ? Un homme débarque, il appartiendrait à la famille de l'ancien locataire décédé. La fçaon dont cet homme est introduit est tellement macabre qu'on s'atten à un film d'horreur. Ou de science-fiction tellement les réactions paraissent disproportionnées. Sauf que l'autre ne vient pas de l'espace mais de la grande ville. Brrrr.


Les personnages sont creusés. Ce sont eux qui actionneront les engrenages de la narration. Par leurs objectifs, leurs désirs, leurs peurs. La confrontation de ce petit monde est riche peines mais aussi en joies. Les réactions sont étranges aussi, un peu surréalistes. Et pourtant tout semble suivre une certaine cohérence. En effet, complexité ne veut pas dire que les personnages peuvent tout faire à tout moment, au contraire ; la complexité signifie que les personnages suivent deux ou trois traits de caractère qui permettront une évolution du personnage. Ou pas. Car au vu de la manière dont ça se termine, il y a de quoi perdre toute foi en l'humanité...


Ça se passe dans la neige. Je ne sais pas vous, mais moi, la neige, ça me fait tout chose. Et le réalisateur aussi, apparemment. Parce qu'il va se servir de ce prétexte météorologique pour peindre de belles images. Un désert blanc. Une pureté esthétique qui rejoint le coeur de nos héroïnes. Avant que la pluie ne revienne tout salir. La métaphore est facile, mais fonctionne. J'ai en revanche moins compris la métaphore du renard. Du moins les différents niveaux de lecture. Car au début ça passe assez bien, mais sur la fin, l'insistance sur ce renard m'a un peu déboussolé. Soit.


Le découpage-montage est très rythmé. Quelques plans longs par moment, quand c'est nécessaire et utile. Parce qu'au vu des nombreux passages silencieux, l'auteur aurait pu facilement tout filmer en longs plans séquences amorphes. Il n'en est rien, certaines séquences sont très rythmées grâce à un changementt fréquent de plans. Parfois pour des choses simples.


Puis, ces acteurs. Ces acteurs qui vous envoûtent. Ils sont tous les trois beaux. Cela renforce le côté déjà hypnotique du film. Mais en plus, ils jouent bien. Ils sont crédibles tant dans l'étreinte que le déchirement, tant dans les dialogues que dans les silences.


Enfin, cette musique si légère malgré la lourdeur (exagérée) du drame. Une petite flûte, si je ne m'abuse, qui vous transporte dans les terres mentales et psychiques des personnages. Une mélodie qui appuie la solitude de chacun d'eux. Elle reviendra régulièrement tout au long du film, tel un rappel pour nous signifier la beauté de cette misère.


Bref, "The fox" est un sacré bon film. Minimaliste, simple et pourtant si riche, si profond. Il faudra que je me penche sur la filmographie de ce réalisateur.


Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/47/1447787575-the-fox.jpg

Fatpooper
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le 13 nov. 2014

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