Patriiiiiiiiiiiiiiiick Cruel

Pour celles et ceux qui se seraient inquiétés, Patrick va bien, il vît encore et il est de retour. C'est en tout cas ce qu'affirme le film Patrick Vive Ancora de Mario Landi suite très officieuse du Patrick de Richard Franklin grand prix du film fantastique à Avoriaz en 1979. Suite n'est même pas le bon mot puisque Mario Landi et le scénariste Piero Regnoli ne font que reprendre le concept de base pour l’accommoder à la sauce italienne.

Le Retour de Patrick nous raconte la vengeance d'un père par le biais des pouvoirs de télékinésie de son fils dans le coma depuis qu'il a reçu une bouteille sur la tronche lancée depuis une voiture. Ce père chirurgien réunit donc dans une immense maison les potentiels coupables et laisse à son fils le soin de se venger.

Avec son histoire minimaliste prétexte à systématiquement dénuder ses actrices et nous balancer quelques séquences bien gore, Mario Landi reprend plus ou moins la formule de Giallo A Venezia. Il ne faudra donc pas trop chercher à comprendre le pourquoi du comment ni à savoir pourquoi Patrick semble relier à trois autres personnes dans le coma (une multiprise télékinétique?) ou comment son chirurgien de père a sélectionné ses invités potentiellement coupables du malheureux jet de bouteille à l'origine du coma de son fils. Avant de commencer à se venger nous aurons donc droit à une assez longue exposition de personnages bien peu intéressants et à une exposition assez systématique des charmes du casting féminin dans lequel on retrouve Mariangela Giordano et Carmen Russo. Quant à Patrick il est interprété par Gianni Dei qui trouve ici peut être le rôle le plus tranquille de sa carrière puisqu'il passe 99% du temps allongé dans un lit, muet et immobile à faire les gros yeux ; le pourcentage restant c'est quand il fait ArgHHHH !! (sa seule ligne de dialogue) en se prenant une bouteille sur la tête. Dans un premier temps Patrick utilise ses pouvoirs de télékinésie surtout pour casser des verres, faire claquer des portes et attirer son infirmière pour qu'elle fasse des choses pas très catholiques avec sa tête de lit après s'être dénudée. Il faudra attendre que la vengeance de Patrick commence à opérer pour que le film glisse de l'érotisme gratuit à l'horreur crapoteuse voir à une savante combinaison des deux. Patrick Vive Ancora nous gratifie alors d'une série de morts aussi atroces que gratuites puisque Patrick censé au départ se venger ira jusqu'à faire bouffer une femme innocente qui n'a rien à voir dans l'histoire par ses propres chiens.

Dans cette vendetta qui frappe un peu au hasard on apprendra que le coma n'altère pas l'imagination et Patrick saura varier les plaisirs au moment de faire passer de vie à trépas ses victimes. Nageur ébouillanté dans une piscine comme une vieille frite dans une marmite d'huile, malheureuse décapitée à la vitre de bagnole, type pendu à un croc au dessus d'un puits et moustachu asphyxié par des gaz d’échappement. Mais la mort qui marque le plus les esprit restera celle de la malheureuse Stella (Mariangela Giordano) qui finira empaler de part en part par une broche métallique comme un poulet dans une rôtisserie. En même temps si vous vous faites attaquer par une longue broche en métal il est préférable de fuir plutôt que de s'allonger sur une table de cuisine en position d'examen gynécologique surtout si vous avez oublié de mettre une culotte. En tout cas cette séquence bien crapoteuse de pur cinéma d'exploitation confirme après Giallo A Venezia dans lequel la même actrice se faisait découper les seins que Mario Landi aime bien faire souffrir ses personnages féminins. Si le film recycle le concept du Patrick de Richard Franklin , le compositeur Berto Pisano semble lui aussi avoir manqué d'imagination en allant puiser quelques sonorités et lignes mélodiques dans la bande originale de Suspiria.

Entre son concept emprunté sans autorisation, sa musique un poil recyclé et son acteur cloué au lit, Patrick Vive Ancora ressemble tout de même un peu à un film de grosses feignasses. Après, Mario Landi met clairement les mains dans le cinéma d'exploitation jusqu'aux coudes et on ne va pas lui reprocher de nous offrir un spectacle bien crapoteux.