S’il est encore loin de produire ce qu’il a fait de plus beau, Garrel rectifie le tir avec Le révélateur, film toujours en noir et blanc mais sans piste son, autrement plus intéressant que Marie pour mémoire, sorti sur les écrans la même année. Il y a avant tout de superbes idées visuelles qui érigent à elles seules le film vers les cimes de la rêverie. C’est un voyage très mystérieux sur lequel il semble que le spectateur ait le loisir de construire le sien, de voyage. Un film tourné avec une lampe de poche. Il s’agit d’une fuite, d’un couple et leur petit garçon, une fuite à travers champs, escalier, route, forêt, tunnel. Mais que fuient-ils ? Un ennemi menace, mais il est aussi invisible que le film est insaisissable. C’est une sorte de cauchemar nocturne, labyrinthe épuré, traversé d’éclats de folie ou de poésie, duquel à mesure s’extirpe cet enfant qui s’émancipe du pouvoir parental et de ses obsessions maladives. Bernadette Lafont aura aussi incarné ce personnage étrange de mère possédée. C’est troublant de voir à quel point c’est un film dur sur le couple, comme s’il préparait ses films ultérieurs. Mais Garrel n’a pas vingt ans, il tourne ça pendant les événements de 68 mais en le jouant loin de ce folklore, déjà dans la fin du rêve – Garrel semble ne plus croire en la révolution – un peu comme le Wanda, de Barbara Loden.

JanosValuska
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le 10 mai 2020

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