Je ne sais pas trop pourquoi j'aime revoir périodiquement ce film qui - sincèrement - n'a rien de bien exceptionnel mais qui, dans son ensemble sans véritable prétention, arrive à mener sa barque là il voulait aller. En fait, ce Roi Arthur - comme il est dit dans le making of - voulait simplement illustrer ce que c'était de devenir le chef, que ce n'était pas quelque chose d'inné mais de construit, un ensemble d'actes fondateurs : un récit tout à fait banal en somme, surtout dans le cinéma américain.
Mais là où ce Roi Arthur fait la différence, c'est qu'il va directement à son objectif tout en gardant une patte chevaleresque propre au mythe du Roi Arthur et de ce qu'il représente (alors même que le film voulait à moitié le prendre à contrepied, et c'est ce qu'il fait d'ailleurs). Ici, point d'humour mal placé, d'intrications faussement préparées, d'excès de larmes ou de spectacle (comme dans Gladiator par exemple, film que j'arrive de moins en moins à supporter avec les années au contraire de ce Roi Arthur qui se bonifie) mais juste une troupe de gars perdus sur une île désertée et prête à s'écrouler sous le poids des nouveaux conquérants.
C'est peut-être d'ailleurs cette ambiance de "fin du monde" limitée à cette île aux paysages aux confins d'un monde romain et de son idéal (romancé) qui se délite et qui fait écho au désenchantement d'Arthur (ici Artorius) qui se fait homme qui est la principale attraction de ce film qui fait également la part belle à des affrontements plutôt réussis et variés, grâce à la troupe des soldats Sarmates et leurs différentes armes et styles de combat.
Mais plus même que cela, et c'est d'ailleurs confirmé par le making of, le film transpire le travail sérieux et appliqué, presque brut, pour proposer un spectacle qui est à la fois un peu fantaisiste mais aussi très brut et réaliste avec des acteurs plutôt cool et sérieux, qui travaillent bien ensemble. On sent vraiment que le film a composé avec les circonstances et gagne là une certaine humanité et crédibilité, une âme oserai-je dire, par rapport à des productions qui ne font qu'enchaîner les poses et autres mises en scènes stylisées. Ici, la musique (magnifique et subtile) ainsi que les décors naturels, les capacités des acteurs sont utilisées au maximum sans passer par des mimiques irréelles ou des bons mots comme il se fait trop souvent.
En ce sens, l'attraction initiale qui était le Roi Arthur et la théorie "romaine" (relativement travaillée et plaisante malgré tout avec un effort fait pour intégrer plusieurs noms et éléments du mythe dans le récit, comme la table ronde, Merlin, Excalibur, etc. même si on sent qu'ils ne se sont pas pris totalement au sérieux dans cette démarche) autour devient secondaire en ce qu'elle s'efface devant un récit tout à fait humain même si elle s'inscrit dans des évènements "extraordinaires". Inutile donc de s'énerver pour si peu, je pense que ce film n'a aucune ambition à ce niveau autre que de proposer ce que le réalisateur voit dans ce personnage, comment il lui parle, sans aucune ambition scientifique (je vois plutôt le concept comme un moyen de ramener les gens en salle, et pour moi ça a marché).
Si l'on demande au cinéma de nous emmener ailleurs, de nous plonger dans un univers lointain, alors ce film saisissant d'humanité, ce malgré les écueils de la bienpensance héroïque américaine un peu anachronique et coconne dans ce film qui remplit parfaitement son rôle apaisant et juste. Il m'a donné envie de relancer Rome II Total War.