Allons à la plage monsieur Renard

Fini en 1930, mais arrivé dans nos salles obscures dix ans plus tard, et réalisé par le duo père-fille Wladyslaw et Irène Starewitch, Le Roman de Renard adapte le cycle médiéval par le biais de l'animation en volume (ou stop-motion). Difficile de ne pas s’émerveiller devant la prouesse technique que représente une heure d’animation aussi fluide pour l’époque.

Les mouvements sont vraiment convaincants, en particulier ceux des visages, qui parviennent à mêler l’anthropomorphisme des personnages aux réflexes animaux (mouvements des babines, de la langue, etc.). Les Starewitch ont parfaitement retranscrit la satire de la société médiévale tout en y ajoutant des touches anachroniques rigolotes — comme ce duel entre le Renard et le Loup, retranscrit façon reportage radiophonique.

Alors oui, côté voix, ça a pas mal vieilli (la qualité de l’enregistrement n’était déjà pas exceptionnelle à l’époque, d’après ce que j’ai lu), et pas sûr de recommander le film à des enfants, tant le visuel flirte parfois avec le cauchemardesque. Et il faut garder en tête que les personnages sont davantage des allégories que de véritables personnages : sinon, Renard n’est rien de plus ̶q̶u̶'̶u̶n̶ ̶t̶r̶o̶u̶ ̶d̶u̶ ̶c̶u̶l̶ qu’un sadique qui déchaîne sa cruauté sur tout ce qui bouge.

Le film reste un incontournable pour tout amateur d'histoire du cinéma d'animation qui se respecte.