Comme vous commencez à le savoir, Tarkovski j'adore. Il n'y a rien de ce que j'ai vu que je n'aime pas. Ce qui m'attire chez lui? C'est que ses oeuvres sont de véritables questionnements métaphysiques, de la poésie, de magnifiques images mais aussi, un peu comme David Lynch, une nécessité de revoir plusieurs fois ses films pour en apprécier toutes les facettes. Et encore ce n'est pas toujours suffisant. Mais pour moi, Tarkovski n'est pas un simple cinéaste mais bien un artiste.
Dans ce film, pas trop compliqué d'accès, à hauteur de Stalker, le metteur en scène nous plonge en pleine introspection spirituelle, sur le sens de la vie et sur la place de la religion chez l'être humain. Ici, nous avons affaire à un homme extrêmement croyant qui va demander à Dieu qu'il accepterait de tout perdre si tout redevenait comme avant. Avant la terrible catastrophe. Mais quelle est l'origine, la cause de ce qui provoque ainsi ce sentiment d'apocalypse. Le bruit d'un avion militaire se fait attendre avant que tous les médias n'annoncent que l'impensable est arrivé. Le message d'un président qui conseille à tous ses citoyens de rester cloîtrés chez eux. Toujours est-il que l'on peut prédire une grande catastrophe nucléaire. L'artiste était-il visionnaire? Un an plus tard, Tchernobyl éclate.
Le plaisir matériel humain est clairement dénoncé. Le personnage central est prêt à y renoncer comme je l'ai dit un peu plus haut. L'incendie de la maison est probablement le moment le plus fort du film. Tarkovski devait être extrêmement croyant puisqu'il croit à une puissance suprême. Ce qui se passe dans l'oeuvre semble aisément le montrer. Ce film est un appel vers la nature. Un appel à aimer les choses simples de la vie et d'aimer ce que la nature nous offre de plus beau. Le personnage déteste le jardin quand il est retouché par l'homme. Cette nature que Dieu a créé est déjà un chef-d'oeuvre, nul homme ne doit la saccager avec ses mains. Cet arbre planté est également un signe de renouveau. Une sorte de passage à témoin. Le père plante l'arbre avec son fils. A la fin, seul le fils est près de l'arbre. Il représente l'avenir. L'arbre est encore jeune. L'espérance pour Tarkovski de voir des jours meilleurs. Son film est d'ailleurs dédié à son fils.
Comme d'habitude chez le cinéaste russe, une mise en scène très lente, composée de très longues séquences ou de plans-séquences. Il bénéficie aussi de l'aide de techniciens qui ont travaillé pour Ingmar Bergman. Ce dernier a d'ailleurs offfert son île pour permettre à Tarkovski de le réaliser. La plupart des comédiens sont également suédois. Il parait aussi que l'oeuvre est un hommage à Bergman. Je ne connais pas encore assez ce cinéaste mais il semble également que Tarkovski et lui aimaient avoir des personnages torturés. Leurs films sont très souvent psychologiques (aucun doute pour le russe à ce niveau-là).
Le sacrifice est malheureusement le dernier film du cinéaste. Il décédera moins d'un an après l'avoir réalisé. Si je me souviens bien, il ne verra même pas sa sortie en salles. Toutjours est-il qu'il réalise comme oeuvre-testament, un véritable chef-d'oeuvre, posant encore une fois des questions sur les rapports qui existent entre l'homme et la nature, sur ce que fait l'homme de son intelligence et des avancées technologiques qu'il opère et appelle celui-ci à ne pas oublier d'où il vient.
batman1985
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le 6 mai 2011

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