Spectacle sons et lumières

On va pas se mentir, Le secret des poignards volants ressemble à s'y méprendre à un remake opportuniste de Tigre et dragon. Zhang Yimou tente de reproduire l'esthétique et la patte d'Ang Lee qui avait tant dépayser le public occidental quelques années auparavant. Le procédé peut agacer, mais on ne peut que s'émerveiller du résultat final.

On peut regretter l'absence de scénario et la superficialité des personnages. Contrairement à son habitude Zhang Yimou laisse de côté ces questions. Ce n'est pas ce qu'il veut faire ici.

On peut être irriter par l'idéalisation excessive des personnages caractéristiques des films de sabre chinois. Force physique, précision, mais surtout dextérité, sont des qualités poussé à l'extrême. Le guerrier chinois peut tout faire et rappelle vaguement l'homme parfait promu par Hitler et Mussolini à travers la propagande, notamment au cinéma (voire la longue série de film mettant en scène Maciste).

Mais putain que c'est beau! Zhang Yimou soigne l'aspect visuel et sonore de son film, et le résultat est tout simplement éblouissant. Rarement un réalisateur aura réussi à tant mettre en valeur la beauté de ses paysages. C'est sur cet aspect que Zhang Yimou copie le chef d'œuvre d'Ang Lee, mais c'est aussi là qu'il le surpasse. Même chose pour les chorégraphies des combats, réalisée dans un style tout aussi aérien et millimétré.

Zhang Yimou nous fait suivre l'aventure d'une jeune fille aveugle, mais néanmoins experte en art martiaux. Ainsi les sons ont une place centrale dans ce métrage, permettant au spectateur de voir avec les yeux d'une aveugle (c'est à dire avec ses oreilles). Chaque sons est amplifié, stylisé, contribuant à une esthétique impeccable d'un bout à l'autre.

En s'éloignant quelque peu de ses thématiques de prédilection Zhang Yimou a semble t-il déçu ses fans, ce qui explique le grand nombre de critique négative. Il livre un film purement esthétique et ça marche. C'est une gifle. C'est une claque. Que dis-je c'est une claque! C'est un uppercut!