Ah quel bon film, quel chouette divertissement tout de même, ces hobbits, ces races différentes, ces orques aux sales gueules.
Il y a bien sûr une cohérence dans la trilogie de Jackson et ne parler que du 1er film ne sert pas à grand'chose, cependant je le ferai afin de respecter le format.
Tout commence par un "résumé des épisodes précédents": il y a eu l'anneau unique de forgé, Sauron est méchant et veut toujours contrôler Middle Earth, la Terre du Milieu.
On commence dans la Comté, the Shire, sorte de monde rural anglais idéalisé, pas touché par la guerre ou les vicissitudes de la terre du Milieu. Tout va bien, Bilbo est là, il y a même Gandalf qui est venu assister à son anniversaire.
On fait des feux d'artifice et pour l'instant, tout va bien. Cependant il y a un Mal, et ce Mal c'est un anneau: l'anneau représente bien sûr des défauts bien humains, et c'est là que le Seigneur des Anneaux est intéressant: parce qu'il montre des défauts, des bassesses, des tentations humaines... En bon catholique, Tolkien nous donne sa vision du Monde, qui n'est pas loin d'être la mienne: il y a des méchants, des vrais méchants, et ceux-ci corrompent les âmes et se basent, pour avoir du pouvoir, sur nos propres failles.
On choisit aléatoirement Frodon comme porteur de l'anneau, celui qui ira en Mordor le détruire, cet anneau qui permet à Sauron de rester en vie. Comme Voldemort, Sauron a un horcruxe, c'est son anneau. Mais contrairement à Voldemort, Sauron évolue au milieu (haha) d'un monde plus riche, plus complexe que l'univers sorcier d'Harry Potter: ici il y a des races, une Histoire, des batailles, des Hommes.... Ici ce sont bien les sorciers les méchants, ceux qui usent de magie noire... Il n'est jamais très bon d'user de sorcellerie en Milieu, et les batailles qui se mènent se font à mains nues ou avec des armes, de belles armes humaines ou elfes, forgées manuellement.... A l'inverse Sauron tire son pouvoir d'un anneau ensorcelé.
Et contrairement à Harry Potter, la morale pourrait-on dire, y est plus profonde car elle parle de l'Homme: c'est la terre des Hommes qu'on veut anéantir, l'Homme qu'on veut assouvir.


Le premier volet de cette trilogie raconte les premiers périples de Frodon et la communauté de l'anneau: grand seigneur, c'est un elfe, Elrond, qui unit ces personnes aux origines diverses, qui au départ ne s'aiment pas beaucoup. Gandalf insiste beaucoup sur le fait que le Mal est déjà là, qu'il s'instille partout. On voit Boromir qui doute, qui a peur... On voir Aragorn, mutique, jouer une sorte d'autiste à la sauce scandinave, on voit un Legolas toujours souriant et ouvert, Tintin du Milieu dont l'arc tient lieu de fox-terrier, on voit Gimli le nain.... Et tout le monde est différent, et si proche... C'est cela la richesse du Seigneur des Anneaux: on voit enfin ce qui rapproche les gens, et non ce qui les différencie, comme dans Harry Potter. La question n'est pas tellement de savoir dans quel camp on se trouve, mais plutôt quelle attitude adopter, au jour le jour: car la quête est longue, le monde est sur le point de basculer, et absolument tout le monde peut tomber à cause de l'anneau... Même Gandalf. Il n'y a pas ici de principe saint: tout le monde est sale chez Tolkien, tout le monde, et surtout les hommes, sont susceptibles d'être tentés par l'anneau.
Moins les Hobbits... C'est bien pour cela que c'est Frodon, descendant de Bilbo, qui est choisi pour aller en Mordor.


Péripéties péripéties, pas toujours passionnantes, mais toujours visuellement intéressantes: le Milieu est bien filmé, les boyaux d'Isengard font peur, la Moria est très belle.
Une très belle scène est celle du combat final de ce film: au bord d'un lac, et autour d'un soleil agréable, lors d'un bivouac, surgissent des orques, de super-orques même, des Uruk-Hai...
Et tout ce petit monde qui se croyait à l'abri, dans cette forêt si peu exotique, ce lieu si familier pour un occidental, voit arriver la peur, l'horreur.... Rapidement. La rédemption de Boromir est belle, cet homme tenté qui finalement sauve les Hobbits et meurt percé de multiples flèches. Beau aussi ce moment avec Aragorn, cette amitié virile que je ne retrouve pas dans d'autres oeuvres: ici l'amitié virile (contrairement encore une fois à ce qu'on voit dans Harry Potter) est assumée: on s'aime entre hommes, et ce n'est pas ambigu, parce que c'est d'humanité qu'il s'agit.


Tout ira à vau-l'eau, et Frodon également: la communauté dissoute dans l'acide des orques, éparpillée par les flèches, Frodon s'en va seul au Mordor. Si scénaristiquement cela pose question, la quête solitaire (enfin, il y a Sam, mais Frodon est seul avec l'anneau) de Frodon a du sens: on est toujours seul face à sa violence, face à soi-même. Et c'est bien cela que Frodon va devoir affronter: là où Harry Potter se bat contre les autres, Frodon se bat contre lui-même. C'est beaucoup plus fort. Et au-delà, politiquement, la communauté puis tous les hommes et les alliances contre Sauron, vont se battre contre un ennemi commun, faisant fi de leurs différences, justement: ce qui est le plus important est ce qui nous rassemble.


Cela est riche d'enseignements politiques: nous pouvons, nous devons tous nous battre avec nous-mêmes, c'est ainsi. Loin du manichéisme et des pseudo-différences qui nous empêchent de voir. Mais politiquement, à une échelle plus grande, nous devons nous battre fermement contre des structures qui nous oppressent, quitte à prendre les armes (réelles ou abstraites, bien sûr).
Frodon représente donc bien, tout Hobbit qu'il est, l'humanité qui avance, sur une terre désolée, avant que le combat final ait lieu. Mais cela sera pour après, pour l"instant Frodon et Sam sont dans leur bateau, et personne n'est encore tombé à l'eau.

Lanster
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le 8 avr. 2020

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