La prequelle de Destination Finale qu'on attendait tous.

Scénario :
De retour des croisades, le chevalier Antonius Block se retrouve face à la Mort. Celle-ci est à la fois métaphore de la peste qui envahit le pays (même si c'est pas très historique tout ça) des moeurs barbares, de l'absurdité de la vie et... d'elle même. Ils décident de jouer aux échecs ensemble, une partie durant laquelle Block aura un répit et dont il compte profiter pour interroger la Mort sur l'existence de Dieu ou le sens de la vie.


Entre les différents coups de cette partie d'échec qui s'étale sur plusieurs jours, Block décide de rentrer dans son domaine. Guidé par son fidèle écuyer, le cynique Jöns, il se balade dans un Moyen Age en proie aux épidémies de peste, aux processions d'hommes se flagellant, au pillages et à la crémation de sorcières. Il va aussi faire la connaissance d'une troupe de théâtre itinérant et souffler un peu en leur compagnie. Ou rire. Car c'est possible aussi.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"



En tant que sujet d'étude :



Le Septième Sceau est le film que j'ai choisi de prendre afin d'étudier le cinéma d'Ingmar Bergman. C'est de loin son film le plus célèbre... et le plus parodié. En effet, la figure de la Mort qui joue au échec sur la plage, le costume iconique de Beng Ekeroft et la danse macabre finale va inspirer des parodies (chez Woody Allen) des copies ou voire des inspirations lointaines. (Le costume des Time Lord dans Doctor Who est vaguement inspiré de la Mort.) Au point qu'on a tous entendu plus ou moins parler de ce film sans l'avoir vu.


Un ami m'avait raconté que Bergman était essentiellement un auteur de théâtre qui faisait des films durant son temps libre et qui, à la limite, considérait le cinéma comme un passe temps à côté du théâtre. Bon, c'est sûrement une légende, vu ce que j'ai lu sur le personnage, mais c'est vrai que le réalisateur aura été metteur en scène de théâtre la moitié de sa vie... et ça se voit.


Sauf que contrairement à d'autres qui justifient une forme de théâtre filmé (cf le Macbeth de Wells qui était le film que j'avais vu juste avant) ici, c'est plus du théâtre "dans l'esprit." Déjà son film embrasse ce thème via les saltimbanques, seuls personnages naïfs et "loyal bon" dans un monde très noir : on les voit aller de ville en ville, faire des représentations et vivre une vie "de troupe" dans une caravane.


Mais Bergman a aussi une approche très théâtrale dans son travail de réalisateur : ses comédiens de cinéma sont souvent les même qu'il fait jouer sur les planches 6 mois par ans, ce qui continue aussi l'esprit de "troupe" vu qu'ils se connaissent déjà. Il y a aussi une façon d'occuper l'espace très propre au théâtre. Ainsi, l'avant dernière scène du film où les protagonistes se tiennent tous devant une forme qui apparait dans l'ombre est aussi hérité du théâtre. On imagine sans peine la même scène avec les acteurs formant une ligne sur l'avant-scène.


Bon, difficile de ne pas parler de ce film sans parler sur les jeux de clair obscur. Malgré le fait que j'ai regardé pas mal de films utilisant cette technique cette année, je suis encore épaté par son utilisation. Ainsi, j'ai fait un retour arrière parce que l'ouverture d'une porte dessinait quelques secondes, distinctivement, une forme de faux. Je n'ai aucune idée de comment il a réalisé ça, mais porter autant d'attention à un petit détail qui tiens limite du subliminal, c'est bon.



Mon avis personnel :



Bon, j'ai un aveux à faire... si j'ai choisi ce film c'est à cause de Last Action Hero. Dans ce film "parodique" de John McTiernan, le personnage de La Mort, telle qu'elle est incarnée dans Le Septième Sceau, sort d'un film et commence à se balader en ville. Et depuis très très longtemps je crevais d'envie de voir le film dont c'était tiré, même s'il paraissait super austère.


Le film a beau avoir des prétentions philosophiques et allégoriques, il n'oublie pas de raconter une histoire et refuse d'être chiant et pompeux. Et c'est en cela que je l'aime bien. Il raconte l'histoire de plusieurs personnages, a des intrigues assez simples mais qui peuvent porter sur du philosophique (chacun d'entre eux possède un rapport différent à la mort, Block est mystique, Jöns est cynique, etc...) On n'oublie pas l'intrigue et il se passe pas mal de choses dans ce film (pièce de théâtre, marivaudage, procession mortuaire, cramage de sorcière.)


Si le film plante des scènes très noires et offre des moments de cynisme, il n'en oublie pas d'être lumineux par moment et de montrer de l'espoir.


Le petit couple de saltimbanque est montré sans ambiguité comme les détenteurs de l'espoir. Et c'est un espoir très naïf : ils forment un couple sans soucis, très mignon par moment, uni pour leur enfant. C'est les seuls à avoir échappé à la Mort et ce, même si, quelques secondes auparavant la vision de Jof montrait une danse forcée au loin, presque effrayante.


Alors, certes, le film fait bien ses 60 ans, notamment le côté "moyen age" qui fait très "moyen age de carton pâte" tant on sait maintenant que les gens ne s'habillaient pas vraiment comme ça (et cette fresque d'eglise bien trop moderne pour ressembler réellement à une vraie...) Ce qui m'a un peu fait sortir du film. Pourtant, chose rare devant un film, j'ai senti les larmes me monter et j'ai eu un moment de saisissement vers la fin.


La scène où les personnages sont littéralement face à la mort et dont on sait que c'est illéluctable : ils vont tous mourir face à cet invité mystérieux.


Était-ce le jeu des acteurs ? La mise en scène étrange ? Les effets ? Mais j'ai été hyper pris par cette scène (alors que ma compagne, non.) Peut-être était-ce juste la fatigue ou un point de vue personnel ? En tout cas, BIM, ça m'a marqué. Et rien que pour ça, je crois que j'ai beaucoup aimé ce film.

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le 27 nov. 2018

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