Force est d'admettre que depuis quelques temps si la comédie hexagonale se porte étonnement bien, la série B made in France se paye elle aussi une belle cure de jouvence.
Zulu, Mea Culpa, De Guerre Lasse ou encore Antigang, Nightfare et Braqueurs pour ne citer qu'eux, les cinéastes français musclent leur jeu histoire de mieux concurrencer les péloches venues du froid et d'outre-Atlantique, voir même pour mieux effacer des mémoires le triste statut d'un genre complétement englué par sa Marchalisation depuis près d'une décennie maintenant (de l'efficace 36, Quai des Orfèvres au très palot MR73, sans oublier le moyen Gangsters et la série Braquo).
Bref, on semble se tirer un peu les doigts du cul par chez nous et c'est franchement loin de nous déplaire.
Honnête artisan et véritable amoureux du cinéma de genre, Eric Valette (les plus ou moins inspirés One Miss Call et La Proie, le très réussi Maléfique), va s'efforcer avec son nouveau passage derrière la caméra, Le Serpent aux Mille Coupures, de faire perdurer ce joli regain de santé.


Adaptation du roman éponyme de la plume talentueuse de DOA - également derrière le scénario -, le film est une petite série B férocement bien foutue et anxiogène, un bon thriller sombre et poisseux comme on aimerait en voir plus souvent, et encore plus dans nos salles obscures.
Prenant pour toile de fond l'histoire tortueuse d'un motard fugitif confronté autant à des barons de la drogue colombien, un flicard et un tueur à gages énigmatique dans une sorte de vrai/faux remake d'Assault en plein Sud-Ouest, la péloche est un solide polar tourné à la dure (le manque de moyen est évident) et totalement focalisé autant sur son scénario joliment complexe (et au sous-texte ploitico-social étonnant) qu'une galerie de personnages finement croqués; Valette prenant habilement son temps pour installer les enjeux de son intrigue - un poil trop peut-être - et soigner l'ambiance et l'esthétique de son oeuvre avec application et sobriété, pour mieux captiver un auditoire réellement happé cette série B crédible et ambitieuse, au final explosif.


Plutôt bien interprété (Pascal Greggory est excellent, et Tomer Sisley y trouve son meilleur rôle depuis... toujours ?), tendu tout du long et joliment référencé (le cinéma de Sam Peckinpah en tête), Le Serpent aux Mille Coupures ne se mord jamais la queue et incarne une belle surprise au sein d'un calendrier ciné qui commence doucement mais surement, à faire la part belle aux blockbusters rutillants...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2017/04/critique-le-serpent-aux-mille-coupures.html

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le 20 avr. 2017

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