Que voit-on dans The People Under the Stairs ("Le sous-sol de la peur" en français) ? Un enfant héros qui délivre une jeune fille (« Alice ») en proie à une méchante famille qui par ailleurs détient un trésor. Il y a aussi des « People » qui sont retenus prisonniers sous l’escalier de la maison. Ces People sont des monstres d’abord effrayants mais qui se révéleront des alliés pour le héros et qui démontreront que les véritables monstres sont le duo constitué par "Maman" et "Papa". Il y a aussi un arrière-fond social et très américain avec en exergue les problématiques des discriminations sociales, du racisme, des armes à feu, des inégalités de richesse. Et bien sûr comme dans quasiment tous les films de Craven : une famille dysfonctionnelle.
The People Under the Stairs est un conte, et comme tout conte, il a sa morale, le héros ressort gagnant de ses épreuves et ça finit bien à la fin. Il y a de quoi décontenancer l’amateur de cinéma d’horreur habitué à des histoires plus tordus avec des survivants plutôt que des héros, de la cruauté humaine plutôt qu’une morale, et une fin à suspense plutôt qu’une happy end. Sauf que lorsque Wes Craven fait un conte (il a écrit le film en plus de l’avoir réalisé) on trouve des éléments dérangeants plus proches de l’ambiance originaire des contes légendaires des Frères Grimm que d’un film Disney. Ainsi, il y a un chasseur raciste et cannibale qui découpe l’homme noir qu’il vient de tuer dans son sous-sol. Cet homme adore par ailleurs s'adonner à la chasse à l'homme dans une tenue en cuir SM intégrale, et lorsqu’il s’approche de la jeune fille attachée au mur vers la fin du film (et qu'il considère comme sa fille), il se caresse explicitement le sexe. Il y a aussi un chien qui s‘appelle « Prince » (comme pour nous rappeler que nous sommes bien dans un conte) et qui raffole de la viande humaine. Et puis il y a cette "Maman" impitoyable avec sa « fille » qui rappelle la mère fanatique religieuse de Carrie.
On remarque dans ce film comment Craven prend beaucoup de plaisir à déconstruire la culture américaine : la famille n’est plus une sécurité mais une prison, le chien de la famille - figure de tout film familial américain - est un monstre friand de viande humaine (en particulier d’homme noir), le capitalisme - pilier indéniable du sentiment patriotique américain - semble rendre fou… The People Under the Stairs se révèle donc comme un conte contemporain sur les désordres de la société américaine.