Scream sorti en 1996 est un événement. La principale raison est sans doute qu’il est un film d’horreur dans lequel les personnages connaissent et parlent des films d’horreur. Ce parti-pris renouvelle le genre en même temps qu’il semble le clôturer. Cette impression est renforcée par le fait que Wes Craven se trouve lui-même à l’origine du genre (La dernière maison sur la gauche, 1972) et a participé à son histoire (Les griffes de la nuit, 1984). Il aspire d’ailleurs à cette époque à s’éloigner du genre de l’horreur, ce qu’il fait finalement avec Scream qui mêle à l’horreur (bien présente) la comédie, le teen movie et le film policier.
Scream impose une figure de tueur culte avec le fameux masque blanc en forme de cri. Il impose aussi une manière originale de faire un film d’horreur en faisant du tueur un humain ordinaire qui peut potentiellement se trouver dans n’importe quel personnage à l’écran. La menace n’est donc plus extérieure mais intérieure au groupe des futures victimes. Il y a aussi ce qu’on pourrait appeler un « esprit » Scream dans lequel l’auto-référence permet une prise de distance avec les événements qui sont montrés et impose aux spectateurs une réflexion sur leur propre envie de voir la violence au cinéma (qui est l’objet du cinéma d’horreur depuis l’origine).
Il faut noter parmi les éléments remarquables du film la scène inaugurale d’une rare intensité et le jeu des acteurs qui font beaucoup pour la réussite du film. Il n’est pas évident en effet d’évoluer dans un tel univers qui court le risque à tout moment de tomber dans la parodie ce qui aurait pour conséquence de ruiner l’intérêt même du film. C’est cet équilibre subtil entre film d’horreur au premier degré et film sur les films d’horreur qui rend Scream si singulier.