Elias Koteas qui nous fait son numéro de débiellé mental, c’est LOL. Le pas de danse alors qu’il est amené dans la chambre à gaz, avec les Stones en fond sonore : Tiiiiime is on my side…Yes it is…Un numéro actor’s studio délire paranoïaque très fun, bravo Elias. Une histoire bizarre, c’est vrai, assez originale, entre thriller et film fantastique. Un délire, ce film. Un effort injustement méconnu de Grégory Hoblit. Je ne vois pas ce qu’on peut vraiment lui reprocher. Histoire originale, casting impeccable, mise en scène de très bonne tenue, pas de tapage sur la tête, à grands coup d’effets spéciaux pour impressionner les enfants. Tout est misé sur le cadrage, les mouvements de caméras, et l’acting. Le suspense repose là. 
Un serial killer est exécuté. RIP Elias. Mais où est passé son esprit, ou son double, son mal ? Quelqu’un ou quelque chose, refait le parcours du tueur, avec accumulation de crimes selon le même modus operandi. Un copycat ? Un complice ? Plus fort, un esprit malin, un démon ( ?) Le serial killer n’est nullement en cause, il est mort, et le démon qui l’habitait par hasard, sort, se déplace en changeant de corps, se servant de l’humain comme d’un véhicule de locomotion. Le parti pris de Hoblit, c’est de ne pas faire de gore, ou série B, mais de chercher du vrai cinéma. Polar fantastique si on veut donner un nom. Le démon se déplace à travers corps, comme un parasite, mais le vrai esprit malin c’est la caméra, elle habite l’écran. Plans courts, ralentis, design sonore, musique étrange, contre-plongées, montage virtuose, pas d’action dans la facilité.

Quand Washington comprend réellement à qui il a affaire, et se met à sa poursuite au milieu de la foule, c’est perdu d’avance pour lui. Ça ressemble à un vrai ballet. Poursuivre une ombre qui n’a pas de corps, ou plutôt des corps. Ça pourrait énerver certains, qui voudraient voir le sempiternel combat du bien contre le mal. Le démon méchant, et le bon flic en corps à corps viril. C’est ridicule, et ça fonctionne souvent. Là, le bon flic semble non-croyant. Dieu est absent, le mal est une maladie qui se transmet tel un virus. Hobbes un détective qui n’a pas beaucoup de répondant, même s’il joue au superflic.


Ce film ressemble avant tout une commande, mais Hoblit offre un bel objet de contradiction en apparence. Le projet est simple : Pas de préchi-précha sur le bien, le mal. Du cinéma. Le héros investi d’une mission divine, Hoblit y fait allusion, pour mieux brouiller les pistes, mais seul le projet l’intéresse. Et la direction d’acteurs aussi. Avec quelques touches d’humour: Les confrontations entre Washington-Sutherland, Washington-Gandolfini, les apparitions du serial killer Koteas qui est toujours là, à hanter le héros. Just’ avant sa mort, dans la salle d’exécution, il parlait un langage inconnu. Tout le monde pensait à une énième farce, mais vu les crimes inexpliqués qui se répètent, le flic Washington/Hobbes regarde tout le temps les bandes vidéos en cherchant à comprendre. Et c’est hilarant, car il n’y a rien à comprendre.
Tous les ingrédients pour faire un bon divertissement. Sans compter le démon vicieux, pour le plus grand plaisir du spectateur, vicieux lui aussi, qui aura compris depuis longtemps qu’il a un divertissement d’auteur sous les yeux, pas un blockbuster lourd du chapeau.


Techniquement c’est impeccable, la couleur est celle d’un vieux tableau. La nuit, l’automne, une lumière presque, et glauque, une atmosphère qui n’annonce rien de bon. J’ai eut un petit vertige, car visuellement, c’est couillu, ça tient la route. Comment tuer un ennemi impensable, invisible, invulnérable ? On n’a pas choisit Washington pour rien, et tout le monde va regarder en se demandant comment notre viril super héros black ricain va s’en sortir cette fois-ci. Terrasser un ennemi sans âge, et sans visage, c’est moins facile que d’emmener un serial killer à la chambre froide...


L’erreur de jugement que font beaucoup, c’est de comparer avec le Seven de Fincher, alors que les deux projets sont différents. Le thriller de David F. c’est un coup de force cinématographique, le film de Hoblit un artisanat virtuose. Un film fantastique, comme on n’en voyait à l’époque. Pas un thriller, même s’il utilise certains de codes. C’est pour ça qu’on n’a jamais réellement peur, on est dans un trip, c’est tout. Et assez drôle finalement. La fin est drôle ! Règlement de comptes en pleine campagne, avec un élément qui surgit, et que personne n’avait prévu. Le hasard….chut.
Et encore les Stones, pour boucler la boucle. Avec un morceau de circonstance. Ouh ! Ouh…

Angie_Eklespri
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le 12 janv. 2016

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Angie_Eklespri

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