Un peintre mourant confie son amante à un moine mal froqué. Les maltraitances exercées contre son disciple attirent la compassion de la nouvelle venue qui cherche à percer les origines de ce jeune homme. Très beau film que Le Temple des oies sauvages, ainsi nommé en référence aux dessins d'oies qui ornent les murs de ce temple aux mœurs pas toujours très pieuses : Yuzo Kawashima dépeint en effet une institution ecclésiastique en défaut de piété, peu aidée par la mise en déroute de l'ordre sociale par le personnage de Sakoto, incarnation du plaisir de la chair dans un monde se voulant habité de spiritualité. Elle reste pour autant un être complexe et intéressant, cherchant à survivre avec ses armes, s'attichant d'un malheureux au lourd secret - un sombre héritage de caste - au point que leur relation prendra une tournure incestuelle dont la violence psychique explicite (un choix pertinent et étonnamment actuel) fera basculer le frêle équilibre de cette simili-famille.


Comme je le disais, le film est vraiment magnifique dans son sens de la mise en scène et du cadrage que sublime une belle photographie noir et blanc. L'utilisation de l'architecture du temple est géniale, avec de fascinants découpages de l'image par les éléments de mobilier. Kawashima sait également composer des plans fixes envoûtants (la vision du fond du caveau !). Le film est de 1962, le rythme est donc très posé pour cette chronique du quotidien dont la critique sociale est à remettre dans son contexte d'époque. La fin est déroutante, même si l'interprétation de Christophe Gans en bonus est intéressante, sur la fugacité des passions humaines que le temps efface d'un bout de papier.


L'édition de Badlands est tout à fait recommandable, avec des intervenants (including El Famoso Clément Rauger) très prolixes sur le film et le réalisateur.

Créée

le 11 avr. 2024

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