À l'instar de La Vie est belle, Roberto Benigni explore une nouvelle fois le thème de l'amour dans un univers chaotique et dramatique. Il s'agit donc cette fois de la guerre en Irak des années 2000.
On évolue encore dans le registre de la fable, c'est à dire que l'auteur s'affranchit d'un certain réalisme, ce qui ne l’empêche pas d'exprimer l'aspect dramatique du contexte, au-delà de la situation des deux principaux protagonistes. Benigni interprète un Attilio, professeur de poésie qui va avoir recours à des trésors d'imagination pour séduire la femme qui obsède ses pensées, puis pour la sauver d'une mort presque certaine. C'est encore Nicoletta Braschi, qui interprète cette personne convoitée. L'alchimie entre les deux opère une nouvelle fois à l'écran, ceci produit quelque chose de singulier. On sentirait presque le plaisir qu'a le cinéaste à filmer son épouse à la ville.
Par ailleurs, voir un acteur comme Jean Reno dans l'univers de Roberto Benigni était une curiosité tant les deux semblent éloignés. C'est finalement une bonne idée car le sérieux et le rationnel du premier contrebalance l’exubérance du second. Ils sont assez complémentaires.
On pourra reprocher quelques longueurs, où dans les déambulations d'Attilio, on ne comprend pas toujours une telle obsession pour une représentation que l'on croit seulement onirique.
C'est le final qui surprend et prend le spectateur à contre-pied. Il vient rehausser l'ensemble de façon significative. La scène des retrouvailles du couple tout en silence et en non-dits est très belle.
Concernant, le conflit, on sent que Benigni tend à vouloir démontrer le chaos provoqué par une guerre motivée par des éléments fallacieux. Toujours dans l'humour, Attilio se fait la voix de l'auteur en disant qu'il a trouvé l'arme de destruction massive en parlant d'une tapette à mouche. D'un autre côté, il prend garde de ne pas apparaître pour un partisan du régime de Saddam Hussein, puisque Fuad, le personnage interprété par Jean Reno est très critique à l'égard du régime tombé. L'évolution de son personnage laisse cependant penser que cela a débouché sur quelque chose de pire.
Comme pour La Vie est Belle, il faut reconnaître une sacrée créativité pour naviguer, dans des situations rocambolesques, au milieu de sujets complexes qui ne prêtent pas à rire. Si on est hermétique au travail de Benigni, cela aura certainement du mal à passer et on trouvera qu'il en fait trop. Cela est néanmoins sa singularité et sa poésie, qui n'a jamais peur de flirter avec un ridicule qu'il défierait presque.