A la fin du premier épisode, les panneaux promotionnels annonçaient avec force tapage un film plus spectaculaire. Pour une fois, la pub ne ment pas. Point de tromperie sur la marchandise : ici, pas de temps à perdre, les enjeux ont été posés dans "Le tigre du Bengale" et il s'agit de les résoudre maintenant. On redémarre donc sur la lancée du premier film. On avait laissé le couple interdit évanoui dans le désert. Une caravane de bédouins les recueille et les sauve. Mais la chasse à l'homme continue. Le rythme est élevé et ce, de manière soutenue. Les personnages galopent, leur sort semble jeté. Leurs destinées incertaines se jouent là sous nos yeux, et sous ceux des divinités hindoues.

On retrouve les mêmes ingrédients que dans le premier chapitre, avec un degré d'excitation plus intense, la montée de tension précipitant tous les enjeux : urgence des sentiments, suspense à son paroxysme, révolutions de palais et écroulements souterrains. Entre le bien et le mal, les frontières sont désormais bien distinctes et les personnages, à la croisée des chemins sont priés de choisir une bonne fois pour toutes et ainsi de définir leur destin. Les différentes couches du récit servent une lecture toujours agréable.

Sensuel, le premier film l'était déjà. La charge érotique est ici démultipliée. La danse ultime de Debra Paget et son accoutrement pour le moins suggestif sont on ne peut plus explicites. Surtout face à ce phallique serpent. Le regard libidineux des spectateurs est sûrement aussi ardent que celui des personnages. La comédienne, bien en chair (ah heureux temps où les femmes ne semblaient pas sortir de camps de concentration!) impressionne par moments dans ses chorégraphies sportives. Son jeu en général n'est pas des plus époustouflants.

Celui qui en est tombé amoureux très tôt, Paul Hubschmid, a le charisme d'une palourde avariée. Ces deux-là ensemble peinent à incarner l'amour passion.

Heureusement que la mise en scène de Fritz Lang ainsi que les décors fabuleux qui les entourent emportent l'adhésion du public. Les comédiens allemands ne sont pas extraordinaires. Dans l'ensemble, leur jeu parait assez statique, faiblement naturel. Walter Reyer qui joue le Maharajah a beaucoup de difficulté à faire oublier la couche de maquillage qui lui sert de hâle indien. Et pourtant, c'est surement l'acteur le plus investi dans son rôle. Il y a bien quelques gueules qui méritent le détour mais définitivement, ce n'est pas du côté des acteurs que ces deux films accrochent l'attention.

Comme je disais dans la chronique du "Tigre du Bengale", la photographie de Richard Angst est à tomber. Elle allie la multitude de couleurs à un grain très net, où les ombres jouent un grand rôle pour mettre du contraste et préciser les contours. L'image est à la fois sombre, colorée, veloutée et précise. Bref, très plaisante à l’œil, elle est sucre et fête. L'édition dvd de Wild Side propose pour le coup un dvd sublime, en mettant en valeur la beauté kitsch du film. Magnifique piédestal pour admiration et plaisir irréfutables. J'en redemande.
Alligator
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le 23 janv. 2013

Modifiée

le 10 juil. 2013

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Alligator

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