C'est tout con mais c'est évident quand on le sait. Dieu existe bel et bien et il habite à Bruxelles. C'est même par-là qu'il a débuté son Ouvrage, sa Grande Oeuvre. Bon, en fait, il a créé tout ça (la vie, l'humanité, toutes ces conneries) non pas par altruisme ou volonté artistique mais tout simplement parce qu'il se faisait un peu chier. Et il est pas vraiment du genre affable non plus, le Saint Père. Ca serait même un gros con qui gueule sur sa femme et sa gamine, jamais vraiment remis du départ de son fils, parti depuis belle lurette faire le con en répandant la bonne parole.


C'est peu dire que la proposition de Jaco Van Dormael était alléchante, surtout entre les mains d'un cinéaste tel que lui. Le potentiel délirant était poussé à son maximum, et l'on pouvait même espérer une réflexion pas piqué des hannetons sur la vie, la mort, les frites. A l'arrivée, les promesses ne sont pas forcément tenues comme on l'espérait, ce qui n'empêche pourtant pas ce Tout Nouveau Testament de conserver quelques belles choses.


Clairement trop long pour son propre bien, accusant de sérieux problèmes de rythme, Le Tout Nouveau Testament peine à tenir la distance sur près de deux heures. Si la première partie est franchement séduisante et drôle, la suite traîne beaucoup trop la patte, se reposant sur beaucoup trop de personnages et sur une intrigue extrêmement fine qui n'aboutira pas à grand chose.


L'autre problème réside dans le ton adopté, certes décalé et parfois même touchant, mais plus d'une fois ampoulé, presque poseur, comme si le film avait conscience de ses propres effets. Même constat envers le casting, mêlant stars francophones et comédiens moins connus du grand public, pas toujours très naturel même si l'on pourra apprécier la grande gueule d'un Benoît Poelvoorde détestable, l'air lunaire de Yolande Moreau et le contre-emploi d'un François Damiens étonnamment attachant.


Dommage car une fois n'est pas coutume, Jaco Van Dormael soigne son cadre, accouche de fugaces moments de pure poésie, proposant un OFNI indescriptible traversé d'une certaine grâce quand il se laisse véritablement aller. Il y a quelque chose d'à la fois beau, tragique, absurde, mélancolique et même drôle dans ce Tout Nouveau Testament. Mais il y a aussi comme une sorte de vide, de futilité, qui l'empêche d'atteindre une véritable réussite.

Gand-Alf
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Fairy tales., Mon cul devant la télé ou au ciné en 2016. et 2015.

Créée

le 3 août 2016

Critique lue 1.8K fois

25 j'aime

3 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

25
3

D'autres avis sur Le Tout Nouveau Testament

Le Tout Nouveau Testament
pphf
7

Le testamour du testament

Ou comment attraper cette histoire belge, au surréalisme si personnel (et on ne dira jamais assez tout ce que la Belgique a pu apporter au surréalisme, d’Achille Chavée à Magritte) ? Peut-être à...

Par

le 4 sept. 2015

41 j'aime

7

Le Tout Nouveau Testament
Cyprien_Caddeo
7

La Vie de Jaco

Y a-t-il sujet plus casse-gueule au cinéma que la religion ou la thématique de Dieu ? Gaspard Noé vous répondra sans doute « oui, faire un porno d'auteur en 3D », mais toujours est-il qu'en...

le 2 sept. 2015

41 j'aime

8

Le Tout Nouveau Testament
Watchsky
4

Benoît Tout-Puissant

Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Incarné par Benoît Poelvoorde, celui-ci est un être odieux s'amusant de la misère humaine et qui vit dans un petit appartement avec sa femme et sa fille. Mais un...

le 7 sept. 2015

28 j'aime

3

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

208 j'aime

20