⚠️Beaucoup de spoilers, j'ai envie de m'en rappeler. Je vous engage à ne pas lire si vous n'avez pas vu le film.

Quelle séance stimulante que ce western décidément pas comme les autres, surprenant vu l'époque et ce genre généralement plutôt codifié. Disons que c'est rare une telle structure, cette patience dans la narration qui s'attarde à construire des personnages, au détriment de l'action, ce qui peut-être, pourrait moins convenir aux amateurs de western à papa où les gunfights sont généralement au coeur du film. Ici ils sont certes de la partie, dans un final que j'ai trouvé réussi, j'y reviendrai plus tard, mais ils sont très vite expédiés et clairement relégués au second plan.


Et c'est tant mieux, parce que pour une fois de mon côté, j'avais vraiment envie de voir ce bonhomme, qui a passé une bonne heure à se faire jeter par tous les ingrats d'une ville qu'il a rendu paisible quelques années plus tôt, s'en sortir. Alors ce plan final... en grande pompe... inutile de dire qu'il m'a fait sourire : ce jeté d'étoile fut parfait.


Mais ce n'est pas tout, si j'aime l'acte final de ce train aux trois sifflets c'est aussi parce qu'il a su me surprendre dans ce qu'il fait du personnage de Grace Kelly, lorsque cette dernière revient sur sa décision. Alors que je maugréais devant sa réaction pour moi ridicule et prévisible à ce moment précis (retourner au coeur du combat histoire de devenir un handicap à mon sens était passablement couillon), le fait qu'elle devienne la seule raison pour laquelle son mari s'en sort m'a pris par surprise. Sa petite révérence de tigresse également, un choix d'écriture décidément payant. On pourra certes arguer qu'une fin noire aurait été forte également, mais je persiste et signe : mettre tout ce beau monde devant ce coup du sort que personne n'attendait est fort de sens.


La force de ce film, en dehors du couple de protagonistes et ce final inattendu, c'est sa galerie de personnages bien développés. Du vieux mentor pour qui c'est le coup de trop avec lequel on compatit au subordonné ambitieux qui joue la carte du chantage, en passant par le réceptionniste fourbe, tous ont une belle dimension qui permet au spectateur de cerner progressivement tous les enjeux en présence sans s'ennuyer une seconde... quelle fluidité. Et puis, n'oublions pas de mentionner l'autre personnage féminin du film, particulièrement bien écrit : je garderai en tête ce plan qui la suit à la fenêtre du train lorsqu'elle fuit la ville; puissant.


Bref un film qui doit beaucoup à la plume inspirée qui en a dessiné les contours. Mais pas que. La mise en scène, posée, toute en douceur, est particulièrement soignée. La particularité du film est d'avoir beaucoup de scènes en intérieur, pour un western c'est peu courant, mais vu l'ambition du récit, il ne pouvait en être autrement.


Pour la faire courte, je suis sorti de la séance très convaincu par ce western singulier d'à peine 1h20 qui en dit bien plus que certains autres de deux heures. Je n'ai pas creusé la filmo de Fred Zinnemann parce que j'avais été relativement déçu par Tant qu'il y aura des hommes; mon intérêt pour le bonhomme remonte en flèche. De là à me commencer un cycle, il n'y a qu'un pas que je vais allègrement franchir.

oso
9
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le 24 avr. 2025

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