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Ce film m’a été suggéré dans le cadre du ciné club de la chaine Yunanlh sur Twitch. Dans cette critique, je vais pas trop m’attarder sur l’esthétique. J’ai vu le film (qui date donc de 1974, soit il y a 51 ans) sous sa forme originale (non restaurée) sur téléphone en streaming donc pas dans des conditions idéales, mais au-delà de la qualité des couleurs, du grain de l’image j’ai quand même vu les idées de mise en scène qui me semblent plutôt bien choisies mais pas révolutionnaires non plus. Je vais donc me concentrer surtout sur le scénario.Une des grandes forces du film selon moi est d’arriver à nous émouvoir quant à la relation entre Eyrio, le petit garçon (je retrouve pas le nom de l’acteur??) et son père (Yoshi Katô) rapidement, alors qu’on sait peu de choses sur leur histoire commune. Les adieux du petit garçon à son père qui a la lèpre sont déchirants.Ce qui est intéressant aussi, c’est l’humilité des enquêteurs. Est-ce que ça a à voir avec cette idée au Japon que le collectif prime sur l’individu donc l’individu s’écrase plus ou est-ce que j’ai juste des clichés en tête et que je raconte n’importe quoi? J’étais jamais au Japon donc je n’en ai aucune idée mais en tout cas c’est rafraichissant, ils me sont beaucoup plus sympathiques que la flopée d’enquêteurs américains assez arrogants et/ou semi-débiles qu’on a dû se taper: le duo dans Men in Black, Will Smith et Martin Lawrence dans Bad Boys  entre autres (oui j’aime pas Will Smith). Cette empathie profonde que semblent ressentir les enquêteurs pour les personnes sur lesquelles ils enquêtent me rappelle un peu la police de Twin Peaks.Une chose m’a surpris en tant que grand amateur de bière: pourquoi autant de scènes où les enquêteurs boivent de la bière? C’est vraiment une pratique courante dans le Japon des années 70? Après quelques recherches, il semblerait que le Japon est effectivement un pays où la bière est très populaire, j’ai appris quelque chose! (Voilà c’est ma contribution à l’analyse filmique, bac + 5 les enfants 😂).Unpopular opinion: la scène où Eyrio adulte (Gô Katô) joue du piano pendant 30 minutes gâche un peu le film. Certes, je reconnais qu’à la base c’est une idée intéressante. Eyrio peut seulement communiquer avec son père et le rappeler à leurs souvenirs en jouant du piano. Ça me rappelle une notion très intéressante que j’avais vue en philo. Ayant fait des études d’histoire, j’ai souvent été confronté à la question suivante: comment raconter l’histoire? Grâce à des manuels? Avec des documentaires? En allant au Puy du Fou? (Non) Grossomerdo, Schopenhauer évoque la musique comme un langage universel, représentant ainsi une manière de raconter l’Histoire: « La musique n'exprime pas telle ou telle douleur, telle ou telle joie, mais la joie et la douleur mêmes, quel que soit l'être humain qui les éprouve, quelle que soit la cause qui les ait provoquées. » Le problème est que cette scène dure beaucoup trop longtemps et finit par donner un aspect bourgeois au film, qui me plaisait justement beaucoup jusque-là pour sa simplicité. Si c’était un film américain, ça serait la scène spectaculaire pour aller chercher l’Oscar du meilleur film. Ça gâche un peu le film, d’autant que je vais nuancer un peu ce que j’ai dit de positif avant sur la scène de piano. Bien que l’idée d’exprimer des émotions uniquement en musique et de ne plus être capable de parler à une personne autrement soit originale, c’est par contre encore une fois très cliché de dépeindre l’art comme une résultante de la souffrance. On peut produire de l’art parce qu’on est joyeux et que ça nous fait plaisir, il faut vraiment sortir de ce paradigme traumatisme = souffrance = art.

Créée

le 24 mars 2025

Critique lue 25 fois

Vincent E

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