Le Vent de la plaine par pierrick_D_

Ben Zachary,un type dur,autoritaire et charismatique,est à la tête d'un ranch prospère dans l'Ouest américain,qu'il gère familialement en compagnie de sa mère,de ses deux frères et de sa soeur adoptive Rachel.Le jour où un étrange vieux cavalier se pointe dans le coin et commence à répandre le bruit que Rachel est une indienne marque le début des ennuis pour le clan Zachary,car dans la région tout le monde déteste les indiens.C'est un film de John Huston,et c'est sans doute le principal problème.Réalisateur largement surestimé,le gars nous offre un western âpre plutôt bien shooté mais handicapé par un rythme incertain et des personnages trop excessifs et démonstratifs dénotant le manque de finesse du cinéaste,ce qui pousse les acteurs,pourtant bons dans l'ensemble,à une regrettable surenchère.Heureusement il y a un thème intéressant traité intelligemment,le racisme anti-indien donc.D'aucuns ont prétendu que le film serait en réalité raciste,ceux-là ont clairement un déficit de comprenette.Ce qui a dû les gêner est sans doute l'absence de manichéisme du scénario de Ben Maddow,inspiré d'un roman d'Alan Le May.Car voyez-vous le script énonce clairement que les blancs ont tort,qu'ils sont stupides et entêtés,mais ce ne sont pas pour autant d'irrécupérables salauds.Ils n'ont pas raison mais ils ont leurs raisons.Ils ont combattu les tribus environnantes et perdu beaucoup des leurs dans ces guerres,et ils n'ont ni le recul ni l'intelligence nécessaires pour assimiler le fait que ce sont leurs familles qui sont venues déloger les natifs de leurs terres.Là,la paix est instaurée mais les tensions restent vives et une étincelle peut à tout moment raviver un conflit,étincelle qui survient lorsqu'il est établi que Rachel a autrefois été enlevée à la tribu des Kiowas par le défunt père des Zachary,à la suite d'un massacre perpétré par les yankees.Ces évènements reviennent en boomerang dans la tronche de cette famille,à la manière d'une malédiction.Menacés par les Kiowas,qui veulent récupérer leur soeur de sang, et rejetés par leurs amis et collègues,les Zachary se retrouvent bien seuls face à la tempête.On pense bien sûr à une proposition inversée de "La prisonnière du désert",sorti quatre ans plus tôt.Dans le Ford une enfant blanche était arrachée aux siens et élevée par les indiens,au point d'ignorer ses origines,ici c'est une petite indienne qui croit être une blanche.Le récit s'emballe et se durcit sur la durée,les paysages et les décors suscitent des plans superbes,quelques scènes surprennent agréablement,la chasse à l'homme en pleine tempête de poussière notamment,l'histoire d'amour inavouée et semi-incestueuse de Ben et Rachel épice l'ambiance et Dimitri Tiomkin dégaine une de ces fantastiques compositions dont il avait le secret,ce qui compense le ridicule de certaines séquences et de certains protagonistes,ou quelques trous dans la narration.Burt Lancaster,quand le contexte ne le pousse pas à la surcharge,est d'une présence charismatique impressionnante.Il coproduit le film avec United Artists via sa firme Hecht-Hill-Lancaster.Audrey Hepburn en Kiowa girl ça ne paraissait pas gagné,et pourtant l'actrice est d'une jolie justesse,rendant émouvant un personnage combatif et charmant qui s'en prend plein la tête.Leurs frères sont incarnés par Audie Murphy,vedette du western bis,et Doug McClure,qui jouait Trampas dans la série "Le Virginien.Ni le premier en ultra-raciste ni le second en gentil niais ne sont très convaincants,pas plus que Lillian Gish en matriarche du clan.La comédienne,star du muet,n'a jamais vraiment digéré le passage au parlant.Le vieux Charles Bickford est crédible en associé puritain,Albert Salmi,avec son air demeuré,en fait trop en prétendant débile et la très mignonne Kipp Hamilton est fort séduisante en fille à marier plutôt chaude.Joseph Wiseman,qui fut Docteur No,le premier méchant de la saga James Bond,est très bon en vieux traîneur de sabre allumé et mystique.John Saxon en cow-boy métis semble avoir été victime d'un accident de scénario ou de coupes au montage car son Johnny Portugal,apparemment bien lancé sur des pistes narratives,finit par être oublié en route et disparaître,ce qui est dommage vu la qualité de son interprète.