Justice, mensonge, trahison, manipulation, alcoolisme, intégrité, duplicité, vieillesse, courage, foi : tous ces thèmes se mélangent et sont liés dans ce film brillant, explorant une affaire judiciaire de chaque côté du miroir.

On observe cette histoire du point de vue de Franck évidemment, avocat déchu et alcoolique qui va devoir se reprendre en main et se battre pour vaincre les requins manipulateurs et puissants contre lesquels il se bat, mais aussi du point de vue inverse, découvrant tous les trucs et astuces habituels de préparation au procès par la défense. C'est un point primordial de ce film, on n'est pas bloqué sur Galvin ; même s'il reste évidemment le personnage principal, la caméra n'hésite pas à s'immiscer dans toutes les pièces.

Cette caméra d'ailleurs très bien maîtrisée par Lumet, la réalisation étant excellente, avec des travellings et des zooms très beaux, une certaine tendance à savoir tenir un plan un certain temps afin de pouvoir nous laisser observer à plaisir, sans pour autant trop s'attarder, la caméra est tenu par une main assurée et inventive. Le récit est très riche, explorant plus ou moins profondément chaque thématique citée plus haut, et parfois très joliment montré métaphoriquement à l'écran, comme lors de la scène de "l'agression" de Galvin par le plaignant, son manteau seulement à moitié mis, visuellement nous avons là une métaphore sur la duplicité du personnage, cherchant l'argent pour ensuite vouloir la justice. Ce manteau à moitié mis n'est pas un élément du hasard, comme d'autres détails foisonnant dans ce brûlot sur l'envers du décor d'un procès.

Ironiquement, le "verdict" importe peu, tant le cheminement a été éclairant d'idées géniales et se suffit à lui-même, par par tout ce que nous offre Lumet au fur et à mesure. Comme par exemple au niveau du "twist" dans la deuxième partie de l'histoire sur un des personnages. On n'est difficilement surpris par ce retournement de situation, mais cela sert surtout à Lumet, comme tout au long du film, à converser et argumenter sur ce qu'il a envie de dire. Chaque "monologue" de ce film est ainsi fait, construisant une pensée à faire passer.

Niveau casting, c'est aussi d'une grande beauté. Paul Newman montre un personnage ayant subi beaucoup de choses mais faisant preuve d'une grande force de caractère, son jeu est d'une grande subtilité. Mason me plaît toujours autant, passant d'une assurance à toute épreuve et d'une belle arrogance à un chamboulement psychologique sur la fin du procès avec grand talent. Les autres sont aussi très bons, pour un ensemble fort.

Autant dans le récit, le discours foisonnant et intéressant, que dans la mise en scène précise et riche, ce film est vraiment excellent et brillant.
Northevil
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le 8 nov. 2014

Modifiée

le 8 nov. 2014

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Northevil

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