Qui pourrait détester le premier long-métrage de Claude Berri, chronique en grande partie fidèle de son "exil" à la campagne, durant les mois qui ont précédé la Libération ? L'histoire est à hauteur d'enfant, autour de l'amitié entre un ancien combattant, pétainiste et antisémite, et ce garçon juif de 9 ans, qui doit cacher ses origines. Cette vision de la France occupée n'a pas la prétention de raconter l'état des lieux de l'époque mais de saisir la sensibilité d'un enfant qui ne comprend pas tous les enjeux de la guerre mais qui joue avec les préjugés de son grand-père de circonstance en nous impliquant dans le ridicule de ces a priori. L'on attend un ressort dramatique supplémentaire, comme la confrontation attendue du vieil homme avec l'identité de son petit protégé, mais elle n'aura pas lieu. Personne ne meurt dans le film (quid de la vie des parents durant sur cette période ?) et les Allemands sont absents, de même que la Résistance, d'ailleurs. Car Berri a souhaité avant tout focaliser son intrigue sur cette relation entre un gamin innocent coupé de sa famille et un vieux bougon aux idées préconçues mais au cœur d'or. Michel Simon, au milieu d'interprétations plus ou moins convaincantes, est prodigieux dans l'un de ses meilleurs rôles de la dernière partie de sa carrière.