Inspiré du tristement célèbre massacre d'Oradour-sur-Glane, "Le Vieux Fusil" raconte l'histoire de Julien, chirurgien à Montauban à l'été 1944. Les Alliés ont débarqués, les Allemands sentent la fin venir, les miliciens s'agitent. Voulant protéger sa femme et sa fille de représailles, Julien les envoie se réfugier dans sa résidence secondaire, un vieux château à la campagne. Alors qu'il les rejoint pour le week-end, il ne peut que contempler l'horreur de la barbarie nazie...
"Le Vieux Fusil" frappait fort à l'époque, et fait encore largement son effet aujourd'hui. Le premier acte démarre doucement, et présente néanmoins une immersion très convaincante dans la fin de l'Occupation. Au passage, les moyens sont généreux, entre costumes et véhicules d'époque.
Puis Robert Enrico nous plonge brutalement dans l'horreur. Le réalisateur ne cherche pas à jouer avec les sous-entendus ou l'implicite. Si a mise en scène contient plusieurs symboliques (l'animalité de l'homme, évoquée dès le premier plan avec ce chien qui dépasse le protagoniste), il montre frontalement la barbarie de la division SS Das Reich. La même qui massacra Oradour-Sur-Glane dans la réalité. Avec cadavres, exécutions, et le sort particulièrement difficile du personnage de Romy Schneider.
La suite sera un huis-clos très efficace, entre notre héros qui n'a plus rien à perdre et connait les recoins de son château, et des nazis qui ont baissé leur garde après leurs exactions. Roberto Enrico nous met face à cette vengeance, montrant une violence crue qui passe parfois par des effets visuels très inhabituels pour des films français de l'époque.
La cruauté du récit est toutefois tempérée par des moments de poésie et de mélancolie, ces flashbacks dévoilant la relation entre Julien et sa femme. L'occasion pour les excellents Philippe Noiret et Romy Schneider de briller.
Film sur l'animalité de l'Homme, la barbarie de la guerre et du nazisme, "Le Vieux Fusil" reste une oeuvre très puissante, et prenante. Je soupçonne par ailleurs John McTiernan de s'en être inspiré pour "Die Hard", tant certaines situations se ressemblent.