Ce classique du cinéma français se distingue par son caractère atypique.
Premièrement, le scénario initial, bien que reposant sur une simple vengeance, apparaît relativement simpliste (l'histoire s'inspire de "Un justicier dans la ville", mais de nombreux films de série B partagent ce même point de départ). Deuxièmement, son traitement et son interprétation confèrent au film une dimension qui transcende ce scénario initial.
Philippe Noiret signe en effet une remarquable composition et est accompagné d'une Romy Schneider qui génère un véritable magnétisme lors de ses apparitions à l'écran.
La narration, ponctuée de flashbacks qui alimentent la quête de vengeance du protagoniste dans le présent, est particulièrement efficace, ces séquences nous immergeant dans l'intimité et les souvenirs du personnage, favorisant ainsi une compréhension approfondie de sa psychologie.
L'incipit, notamment, maintient une tension palpable, suggérant l'imminence d'un drame.
La seconde partie du film se transforme en une confrontation à grande échelle, culminant dans une séquence mémorable au sein du château.
Robert Enrico surprend par des scènes parfois empreintes d'une violence et d'une cruauté notables.
Certains pourraient déplorer un certain manichéisme et un manque de nuances, notamment en l'absence de perspectives allemandes.
En ce qui me concerne, l'approche cinématographique d'un événement tel que le massacre d'Oradour-sur-Glane peut se justifier, dans la mesure où il est impossible de donner un sens à des crimes d'une telle atrocité.
Cependant, j'estime que le film n'explore pas suffisamment le thème de la vengeance.
On ne peut déterminer si celle-ci apporte un soulagement au personnage ou, au contraire, le détruit davantage.
Le film illustre néanmoins de manière pertinente l'impossibilité de l'humanisme, au sens le plus pur du terme, en temps de guerre. Il s'agit d'un classique du cinéma français, dont le visionnage est vivement recommandé.