le 19 mars 2024
Mi vampire mi zombie
Un patriarche, part en guerre, en donnant comme consigne à sa famille, si je reviens après 6 jours révolus, ne m'ouvrez pas, quoique je dise ! Bien sûr, il revient après 6 jours, et sa famille ouvre...
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Accroche :
Un père laisse derrière lui ses enfants pour partir affronter un dangereux brigand. Il leur demande de l'attendre durant six jours et pas un de plus car, s'il revenait passés les six jours, il serait alors devenu un vourdalak, un mort-vivant. Quelques jours plus tard, un émissaire royal arrive dans la famille et demande l'hospitalité...
Sexymètre : Un peu d’érotisme sanguinolent.
Violencomètre : Du sang, des morts et des non-morts !
Bechdel test (test de sexisme : il doit y avoir deux personnages de femmes, nommées, parlant ensemble d'autre chose que d'un homme): Raté !
Mon avis :
Le Vourdalak est un film français fantastique horrifique, inspiré d'un roman d’Alexei Tolstoï. C’est le premier long métrage d'Adrien Beau, qui a créé et interprété lui-même le vourdalak. Mais qu’est-ce qu’un vourdalak, me direz-vous de votre voix mélodieuse ? Eh bien vourdalak est la traduction russe de vrikolak en grec et de broucolaque en français. C'est le non-mort, le vampiiiiiiiiiiiiiiiire. Et moi, quand on me dit film français et vampire, j’achète.
Je vous le dis d’emblée, j’aime bien ce film. Le scénario est assez mince et très classique. Comme dans la plupart des films d’horreur, il s’agit d’un jeu de massacre où tout le fun consiste à deviner qui mourra en premier et de quelle façon. La réalisation fait singulièrement vintage. Je ne saurais dire à quoi ça tient mais le film pourrait avoir été filmé dans les années soixante dix quand on le regarde. On sent que le Vourdalak a un budget minuscule mais qu’il a été réalisé avec amour et soin et, rien que ça, me fait déjà très plaisir. Si vous saviez à quel point j’en ai marre des grosses productions bâclées, avec leurs scénarios convenus écrits par des IA, leurs acteurs qui ressemblent à Ken et Barbie et leurs effets spéciaux numériques sans âme. Le Vourdalak n’est pas de ceux-là ; il a une vraie proposition de cinéma à vous faire. Il utilise des effets pratiques particulièrement saisissants (j’y reviens dans la rubrique spoilers) qui apportent une dimension poétique et onirique au film. Il n’a pas peur de faire de l’expressionnisme avec des clair obscurs, des ombres qui font peur, des acteurs qui jouent d’une façon théâtrale délicieusement surannée. Il manie d’une main le gore et l’effroi et de l’autre l’humour noir avec notamment le contraste entre le marquis poudré, dont les ridicules mœurs de cour royale sont censées représenter la civilisation, et d’autre part la rudesse un peu outrancière des paysans. Le film est un poil long à démarrer mais, une fois lancé, une fois le vourdalak apparu, il m’a fascinée par sa bizarrerie, son ambiance morbide et inquiétante. J’ai trouvé ça frais, surprenant et j’adore qu’on me surprenne au cinéma. Je préfère de loin un film fauché différent à une centaine de blockbusters copiés-collés gavés de pognon. J’ai trouvé certains personnages intéressants, comme le marquis ambigu et ridiculement précieux ou la jeune femme mystérieuse. Par ailleurs, j’ai de nouveau noté la qualité de la prestation de Vassili Schneider, que j’avais remarqué dans le Comte de Montecristo. Un jeune acteur à suivre…
Conclusion :
Le Vourdalak est un vrai conte d’horreur comme on n’en fait plus de nos jours. Même s’il passe parfois tout près du ridicule et souffre de dialogues approximatifs, il saura vous séduire par son ambiance gothique dérangeante, sa créature et ses personnages bizarres. L’inspiration et la créativité y remplacent le budget, pour le plus grand plaisir des cinéphiles.
*********** MERCI DE NE PAS NOURRIR LES SPOILERS *****************
Spoilons mes bons !
J’adooooooooooore la créature du vourdalak. Quelle idée de génie de le représenter par une marionnette ! Cela donne, je trouve, une dimension vraiment unique au personnage. On comprend immédiatement qu’il est différent des autres, qu’il n’est pas humain et même pas vivant. Le marionnettiste l’anime comme la malédiction anime le corps pourrissant du vampire. Et quelle marionnette les ami.e.s ! Elle est vraiment magnifique, réaliste sans l’être trop, expressive, repoussante à souhait. Bienvenue dans la uncanny valley !
J’ai toujours eu une fascination pour les marionnettes, les pantins et les poupées (jusqu’à en fabriquer moi-même). Assembler une marionnette, c’est créer de toutes pièces un personnage, la manipuler c’est lui insuffler la vie. Les marionnettes sont mignonnes, on les aime (sauf les Feebles, hein ?), mais en même temps, elles gardent toujours un petit côté dérangeant, surtout les plus humaines. Le marionnettiste est-il réellement aux commandes ou ont-elles leur vie propre ? Que font-elles lorsqu’on les range ? Restent-elles vraiment inanimées ? Le nombre de films d’horreur sur le sujet témoigne de l’universalité de ces interrogations. La réaction des gens aux marionnettes est également très intéressante, comme j’ai pu le constater en manipulant la mienne (une plante carnivore à mi chemin entre Kermit et Audrey II). Certains adultes la trouvent inquiétante alors que la grande majorité des enfants va vers elle et lui parle plus facilement qu’ils ne me parleraient à moi, lui posant les questions les plus incongrues (si elle va à l’école, comment elle fait pour lire, n’ayant pas d’yeux). Les marionnettes ne laissent personne indifférent ; chacun s’y projette d’une façon ou d’une autre.
L’art des marionnettistes est unique. Il est universel, de Guignol aux marionnettes à fil birmanes en passant par les marionnettes géantes du bunraku japonais. Cet art crée l’illusion de la vie, nous présente les histoires d’une façon différente, provoque une réponse émotionnelle spéciale. Il est malheureux qu’il soit en train de se perdre. Et malheureux que le cinéma n’utilise pas plus souvent le procédé.
Côté message, le Vourdalak vous raconte une famille dysfonctionnelle, où les membres tentent d’exister dans leur individualité (la jeune femme qui veut s’enfuir, le jeune homme qui s’habille en femme, la mère protectrice) mais sont inéluctablement écrasés par l’autorité despotique (qui a dit patriarcat ?) du père. Somme toute, celui-ci n’est pas si différent dans sa version non-mort. En tant qu’humain, il écrasait les esprits des siens et les privait de leur liberté ; en tant que vampire il convoite à présent leur vie. Il incarne la tyrannie des hommes, celle qui s’exerce en dehors du foyer par la guerre et celle dans le foyer par les violences domestiques. Car le vourdalak a cette particularité particulièrement laide qu’il préfère se repaitre des siens. Il semble nous rappeler que la vaste majorité des agresseurs et des violeurs sont le père, le mari ou l’oncle et pas l’inconnu du coin de la rue. Le fils ainé, en obéissant aveuglément au père, permet à cette violence de se perpétuer. Le marquis, sous son masque de courtoisie, n’est lui aussi qu’une brute prête à recourir à la violence pour obtenir ce qu’il pense lui être dû. Seuls le plus jeune fils, qu’on pourrait imaginer transgenre, et le petit garçon, de par son jeune âge, échappent à cette violence.
Créée
le 21 juil. 2025
Critique lue 4 fois
le 19 mars 2024
Un patriarche, part en guerre, en donnant comme consigne à sa famille, si je reviens après 6 jours révolus, ne m'ouvrez pas, quoique je dise ! Bien sûr, il revient après 6 jours, et sa famille ouvre...
le 25 oct. 2023
Bof… J’avais bien aimé La Famille du Vourdalak de Tolstoï (pas Léon, l’autre), qui se prêtait effectivement à merveille à une adaptation ciné (contrairement à l’épisode du dernier voyage du Demeter...
le 2 mai 2024
Chouette film.Le récit fonctionne bien, c'est bizarre et comique ; l'univers est sympa, sans doute pas assez approfondi mais on s'y plaît et ça donne envie d'y retourner pour d'autres histoires...
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