Le Voyage d'Arlo
6.1
Le Voyage d'Arlo

Long-métrage d'animation de Peter Sohn (2015)

Dernière production en date du couple Disney/Pixar, Le voyage d’Arlo bénéficie du soutien des fêtes de Noël pour gonfler de façon artificielle son nombre d’entrées. Comme le Beaujolais, le Call of duty ou le Amélie Nothomb, le Disney se déguste une fois l’an, chaque itération peinant à surpasser sa prédécesseure. Qu’en est-il de cet opus écailleux ?


La bande annonce avait déjà affiché le manque d’ambition du design et les premières minutes du film confirme cet état de fait : les dinos sont moches, sans âmes, les artistes de Disney se contentent du minimum, mais peut on les blâmer quand il s’agit de produire du divertissement à la chaîne ? Certes, l’animation est fluide, la modélisation toujours plus fine et le rendu de certains décors subjugue par son photo réalisme. La cohabitation forcée entre ces personnages toonesques et cette nature crédible impose un contraste étonnant qui flirte parfois avec le surprenant, comme si les dinosaures et les lieux où ils évoluent ne provenaient pas du même monde.


L’histoire nous ressert une version allégée du Roi lion et de Nemo, autant dans son traitement, ses thématiques et ses personnages. Arlo est le premier long métrage d’animation estampillé COP21 tant il recycle ses aînés. Après une mise en bouche d’une terrible mollesse où notre famille de dinos s’essayent aux joies de l’élevage et de la culture du maïs, on se prend à rêver que le film va enfin décoller avec l’arrivée de Spot, le petit humain de service et accessoirement animal de compagnie féroce et véloce. Si l’idée de faire d’un humain le toutou foufou d’un dino trouillard pouvait paraître excitante, les scénaristes ont opté pour une relation calibrée et sans fulgurance. Notre duo asymétrique va enchaîner les étapes nécessaires à l’approfondissement de leur amitié et au surpassement de soi. Un road movie bien sage qui, à défaut de surprendre, contentera les moins exigeants.


Les personnages croisés lors de la randonnée forcée laissent une désagréable impression de déjà-vu. Le père philosophe à la mort tragique et traumatisante rappelle sans équivoque Mufasa dans le Roi lion. Le trio de T-rex renvoie sans imagination au trio de squales de Nemo alors que les vélociraptors emplumés font encore un virage prononcé du côté des hyènes du Roi lion. Cet enchaînement de scènes sans relief et de redites enlise le film dans un no man’s land sans ambition où seul la monotonie se dispute la vedette avec les bons sentiments.


Le peu d’idées qui sauve Arlo du naufrage arrivent à points nommés entre les crises de bâillements. Les luciolles, le tricétarops, le bad trip aux fruits gâtés ou encore la scène surréaliste des ptérodactyles offrant leurs crêtes inversés dans une mer de nuage. On peut aussi être indulgent sur la partition qui essaie parfois de surprendre et un dernier quart d’heure qui arrive malgré tout à provoquer quelques ersatz d’émotions.


Arlo est un Disney mineur qui sent le coup marketing pour Noël. Clairement destiné aux plus jeunes, il frôle la fumisterie de peu. Lancé sur la pente de la surproduction, le studio à la souris confirme son manque d’ambition qualitative. Il devient urgent de prendre son temps...

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le 26 déc. 2015

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Alyson Jensen

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