Grand oublié des top ten cinéma de cette année 2010 : Lebanon de Samuel Maoz. Difficile pourtant d’oublier la terreur, l’abjection, la moiteur immondes qui peuplent chaque image de cette chronique de la bêtise humaine.

Lebanon peut se voir comme le pendant d’un autre film israélien sur la guerre au Liban : le superbe Valse avec Bachir. Car à travers ces oeuvres, les réalisateurs Ari Folman et Samuel Maoz se sont tous deux soulagés d’un poids trop lourd à porter. Le premier y donne à voir les étapes de sa thérapie : retrouver à travers des rencontres successives les images abominables qu’il a enfouies dans un coin de son crâne pour oublier l’horreur subie, faire face. Les ressorts narratifs sont poétiques, graphiques, mais la guerre y finalement presque invisible. Le second joue au contraire sur l’immersion totale, le sentiment de frayeur pure, d’autant plus redoutable et absurde lorsque l’on sait que les protagonistes sont totalement étrangers à la situation dans laquelle on les a poussés. Sa mémoire à lui semble en revanche aiguisée comme un couteau ; Maoz semble vouloir se délester de ces souvenirs en les mettant en scène, en reportant leur caractère insoutenable sur le regard des autres. Qu’il ne soit plus le seul à en supporter le fardeau.

Le résultat, c’est que jamais l’identification au troufion n’aura été si troublante : en regardant Lebanon, vous n’êtes plus spectateur de la guerre, vous êtes acteur. C’est viscéral, unique, aucun autre film de guerre ne peut se targuer de provoquer une telle révulsion. Un mal nécessaire que tout le monde devrait s’infliger, sans aucun doute

Francois-Corda
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Créée

le 16 sept. 2018

Modifiée

le 5 juin 2024

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François Lam

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