Il est assez compliqué de mettre des mots sur ce qu'on pense de ces "8 salopards" lorsqu'on sort de la salle. Fabuleux ? Original ? Prenant ? Sanglant ? Acerbe ? Jubilatoire ? Immersif ? Palpitant ? La réponse est tout cela à la fois. Mais un mot tout simple me parait tout aussi adéquat pour définir ce film, ainsi que toute l'Oeuvre de Tarantino : Unique. Des films comme ceux de Tarantino sont uniques. Ils sont tous innovants.


Ici on a un western très particulier du fait qu'on se retrouve dans un huis clos entre 8 personnages très tarantinesques. Ces personnages sont brillamment développés, très travaillés et tous plus charismatiques les uns que les autres. On ne s'attache pas vraiment à eux, c'est à dire qu'on aime les détester. Ils sont plaisants de par leur caractère d'ordure. Petite parenthèse sur la VF, elle est de très bonne qualité, du fait qu'elle permet de caricaturer encore plus les personnages, et cela colle parfaitement au genre de Tarantino. On a donc droit au mexicain à l'accent plus que prononcé et au cow-boy à la voix rocailleuse. Les acteurs sont... réellement bluffants, ce ne sont quasiment que des habitués du cinéaste, et ils ont tous LE personnage qui leur correspond. Chapeau bas.


La musique est excellente, on retrouve le principe d'anachronisme musical, un peu moins poussé que dans Django Unchained où on pouvait tout de même entendre du rap, mais la BO reste magnifique.
La photographie est splendide et on peut en apprécier toute la beauté grâce à tous les plans filmés en extérieur. Le paysage est glacial, figé, comme si le temps s'était arrêté dans ces montagnes, impression qui se répercute dans la salle de cinéma puisqu'on ne voit pas les 3 heures passer. En effet Tarantino ne laisse pas place à l'ennui, comme à son habitude.


L'intrigue est intelligemment suturée, alternant entre action, interventions du narrateur et flashbacks. Comme je le disais ci-dessus, le film est un huis-clos, et Tarantino exploite tellement bien les ressources que cela offre que j'ai rarement vu des huis-clos aussi réussi et aussi intense depuis 12 hommes en colère de Sidney Lumet (de 1957).


Les dialogues sont fantastiques, Tarantino nous a déjà prouvé par le passé qu'il maîtrisait cette discipline et il nous le prouve de nouveau. En effet les répliques sont caustiques, chaque personnage y va de son commentaire sarcastique sur la situation. Les dialogues sont donc très dynamiques, on prend plaisir à écouter les personnages parler, d'autant plus qu'ils sont tous de grands manipulateurs, ce qui rend parfois difficile de discerner la vérité du mensonge. Et toutes ces interactions orales nous mènent jusqu'à un déferlement de violence sanglante, le sang gicle massivement comme à son habitude. C'est dans l'exagération la plus totale, et c'est ce qu'on aime dans un Tarantino ! Tout est dit.


J'ai beau y réfléchir, je ne trouve rien à reprocher à ce film, et cela ne serait pas objectif de chercher le petit détail qui fâche. Des personnages de génie, une BO recherchée, une photographie glaçante, des dialogues et de l'action à la fois tordus et tordants... Une perle rare signée l'éblouissant Tarantino .

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le 8 nov. 2016

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-Hawkeye-

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