Vu en avant-première exclusive version longue, VO, 70mm Ultra Panavision de la muerte qui pète sa mère. Un format inutilisé depuis les années 60. Plus de 3h de film contenant un entracte. On a l’impression d’assister à un vrai événement, plus qu’une avant-première, quelque chose d’important ! J’ai du mal à détourner le regard de l’écran OVERTURE rouge sang, de peur de rater les premières secondes du dernier Tarantino.


Diviser pour mieux saigner


Pari risqué pour le box office actuel : l’équation Western + Huis clos + 3h de film, est couillu, même pour QT.
Après un western réussi il y a 3ans, Quentin rejoue aux cowboys. Ceux qui s’attendent à un 2e Django se fourrent le cactus dans l’oeil.
Dès les 1ères images du trailer, on sentait une grosse différence, The Hateful Eight n’aurait pas la folie d’un Django, mais serait un vrai objet de cinéma, quelque chose de plus sombre et théâtral, un peu à la Reservoir Dogs. On est entre l’avant et l’après Jackie Brown. Entre le sérieux et le cinglé. Tout sauf grand public, ce film va diviser.


Les cowboys font du ski


Première impression : c’est beau ! La photo est sublime. Ici pas de grandes chevauchées dans le désert, pas de duels aux regards interminables, juste l’enfer blanc et la diligence. La caméra 70mm prend tout son sens sur les paysages immaculés et les gros plans. Pour citer un projectionniste « Un film numérique c’est du 4K maxi, là c’est incomparable, dis, tu ne sais même plus compter les K ! ». Oui, le projectionniste était belge.


Reservoir colts


Le film prend son temps pour dégainer. Tarantino installe le décor pendant la première heure et demi. La moitié du film quoi.


C’est lent, et si tu veux mon avis (ce que je présume si tu lis ma critique) ça manque cruellement de rythme dans cette 1ère moitié.


Avant que nos 8 salopards ne soient réunis dans la mercerie de Minnie, il s’écoule un temps infini. Le refuge est loin, alors pour tuer le temps dans la diligence, à défaut de balles on utilise des mots. C’est comme regarder une lonnnngue mèche se consumer avant l’explosion d’une bombe. La tension monte, le mystère aussi, les personnages prennent de l’épaisseur…


Parlons des dialogues justement, puisque l’essentiel du film est basé dessus. Ils sont PARFAITS, voilà. On boit leurs paroles comme on boirait un café bien chaud dans une tempête de neige.


Affutées comme des stalactites, les histoires des personnages sont fascinantes, et interprétées de façon magistrale par TOUT le casting. Sauf par un Michael Madsen (que j’adore pourtant) aussi rongé qu’un fumeur en phase terminale. Il est le moins charismatique des salopards, son rôle est malheureusement sans profondeur. Où est Mr. Blonde ??


Red Rock Parano


Dans la mercerie, une ambiance lourde et poisseuse règne entre les bandits. Ça sent la crasse, la poudre et le mensonge.


Les 8 personnages sont tous plus fascinants et pourris les uns que les autres. L’intrigue prend une tournure de whodunit à l’ambiance glaciale…STOP ! J’ai peur de te spoiler… Pour l’intrigue, découvre-là, elle vaut le coup, c’est du pur Tarantino bien machiavélique.


La mise en scène est magique. Réussir à donner autant de possibilité dans un huis clos, c’est très fort, bravo QT clapclap


Mention spéciale aux costumes et maquillage hyper réalistes et à la musique de monsieur Morricone, la légende.


En résumé, ce film est une belle bombe à retardement Tarantinesque qu’on adore voire exploser. Oui, 3h de film c’est long, oui il y a de grosses lenteurs, mais quand on aime, on en compte pas.

LaylaSpade
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le 29 déc. 2015

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