Comment pourrais-je seulement ne pas songer au moins à rapprocher, si ce n'est même comparer, ces deux grands films de l'un des plus éminents réalisateurs contemporains, à savoir Reservoir Dogs et Les 8 salopards de Quentin Tarantino. Ce ne serait pas uniquement à propos de l'évidente question du huis clos que l'on pourrait aisément bâtir cette analogie, mais plus encore au travers des leurs constructions scénaristiques fondamentales, fixant l'évolution des œuvres tout autant que de leurs protagonistes. Il serait en somme véritablement absorbant de réaliser une étude comparative rigoureuse de ces deux films d'un seul et même réalisateur dont j'ai déjà vanté les mérites et dont je m'apprête à continuer de les louer. Un peu nostalgique, tout de même, de la qualité des premiers films de Tarantino, je n'allais pas sans nonchalance à ma séance de cinéma, n'espérant plus être époustouflé, attendant simplement d'être satisfait par ce huitième film. C'est donc avec d'autant plus de délice que j'ai pu découvrir ce grand, ce beau western à la fois drôle et captivant. On y recouvre alors la grandeur de ce qui fait l'écriture de son réalisateur, parvenant à me faire passer sans ennui la moitié de ce long chef-d'œuvre uniquement composée de dialogues. Le déroulement scénaristique y est parfait, la tension magistralement gérée, tout autant que les personnages, absolument enchanteurs car servis par des jeux d'acteurs enivrants. De même, divers rebondissements rythment ces trois heures à la charmante photographie issue d'une réalisation dynamique et à la musique, évidemment de qualité, d'Ennio Morricone. Cependant, j'aurais à ajouter trois critiques à tout cela, qui ne relèvent naturellement que de détails, n'impactant presque en rien la qualité de ce merveilleux film. D'abord, le choix de faire connaître la plupart des personnages entre eux, et cela rien que par leurs réputations, a donné lieu à certaines répliques assez ridicules, permettant une autre situation grotesque et assez inconvenante : celle où le commandant Warren conte le supplice qu'il a fait subir au fils du général, ceci étant donc mon second point de nuancement. Le dernier enfin constitue en un élément que je n'aurais pas cru abhorrer, celui de la violence. Aimant The Walking Dead je suis pourtant habitué aux images répugnantes et nauséabondes, mais j'ai perçu dans Les 8 salopards une sorte de gratuité, donnant un effet légèrement too much à l'ensemble du final. Pour conclure, puisque je ne voudrais pas finir cette critique élogieuse sur un point négatif, je m'en vais la fermer sur cette citation de notre Quentin Tarantino : « Les flics ont une fâcheuse tendance à repérer les bagnoles pleines de sang. » Fort heureusement, ici, ce n'est qu'une pension.


Mon top 2016 :
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MonsieurBain

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9
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