Mon enfance aura été bercée par Pulp Fiction et Jacky Brown, deux films que j'adore toujours aujourd'hui. Autant dire que Tarantino est ancré en moi. J'ai découvert par la suite Reservoir Dogs que j'avais vraiment aimé. Mais ce fut surtout les 2 Kill Bill qui m'ont définitivement fait adhérer au réalisateur. Malheureusement, Tarantino nous ponds ensuite 2 films que j'aime plutôt moyennement : le mauvais et chiant Inglorious Basterds et le passable ++ Django (Western oblige, je ne suis pas un très grand adepte). C'est donc avec beaucoup d'appréhension que je vais voir ce 8ème film qui malheureusement pour moi garde le Far West comme toile de fond.


Pour l'histoire pour ne pas spoiler : John Ruth est un chasseur de prime et il ramène avec lui une de ses prises (vivante) pour toucher la récompense à Red Rock. Malheureusement un blizzard va le forcer à faire une escale par la nurserie de Minnie où il va faire la rencontre de personnages haut en couleurs...


Commençons par le commencement : j'ai adoré ce film. J'ai enfin retrouvé tout ce qui fait le génie de Tarantino. J'avais extrêmement peur de m'ennuyer (un peu comme Django que j'ai trouvé très long), mais il n'en est rien, les 3h passent à une vitesse folle. Je savais que l'action ne démarrait que dans les 45 dernières minutes, et quelle fût ma surprise quand je vois arriver le dénouement aussi rapidement.
Malgré l'esprit Far West, le film étant un huit clos, ce n'est pas un des aspects prédominant du film. Ce qui nous intéresse ici, et nous captive, ce sont les interactions entre les personnages. Et que c'est bien écrit. Comme à son habitude, Tarantino nous à concocté des dialogues excellents : ils sont incisifs, percutants et toujours passionnants à suivre. C'est là pour moi la force de ce nouveau film : nous tenir en haleine 2h durant avec une paranoia collective qui s'installe à l'aide des dialogues sans pour autant que les actions des personnages ne semblent influer. Tout se fait dans la tête des personnages (et donc du spectateur). Connaissant Tarantino, on se met à noter le moindre élément et à réfléchir sur la résolution du conflit dès le début. Ca faisait bien longtemps que mon cerveau n'avait pas fonctionné à un tel régime avant de résoudre le problème avant le film.


Mais les dialogues ne seraient rien sans de bons acteurs pour les jouer. Et ici on est servi avec de très très bon acteurs. Aucun de fait tâche. Je salue cependant les prestations de Samuel L. Jackson et de Tim Roth qui sont pour moi au dessus et clairement parfaits. Mais le reste du casting s'en sort "juste" parfaitement bien.


Je parle des dialogues, mais le scénario plus généralement est aussi très bon. Le huit clos est un exercice de style particulier et il faut réussir à captiver le spectateur sans quoi il décrochera très vite. Tarantino tout en prenant son temps (le huit clos arrive relativement tardivement) met rapidement le spectateur en selle et on comprend dès le début (comme toujours dans les films de Quentin) que tout le monde n'est pas tout noir ou pas tout blanc et que les pires choses peuvent ressortir de chacun.


Que serait un film sans des images? En tout cas ici elles sont de toute beauté. Les plans d'extérieurs sont tout bonnement magnifiques et donnent le vertige. Pour le huis clos en lui même, Tarantino nous remontre toute sa maestria derrière la caméra avec notamment ses gimmicks des ralentis (un d'ailleurs un peu particulier sur la fin où juste un personnage s'exprime au ralenti alors que la scène est en vitesse normale), des personnages sur des plans différents mais dont la mise au point permet de voir les deux de façon nette avec le décor flou entre eux. Le dernier point qui m'aura bien plus niveau réalisation c'est cette scène avec un personnage face caméra au premier plan qui est net. Le fond est flou. Or, ce personnage se retourne pour regarder derrière et la caméra opère les mises au point selon où le personnage regarde (tout en gardant le plan fixe). Ce genre de mise en scène ne se retrouve plus ailleurs et seul Tarantino (ou presque) peut se permettre d'avoir une telle liberté dans sa réalisation (et en plus, ça marche, il suffit de voir les résultats au box office).


Dernier point, la musique. Tarantino est un amoureux de musiques et nous ponds à chaque fois des OST de qualité. Ici contrairement à son habitude de prendre des morceaux connus, Enio Morriconne lui a fait le privilège de lui concocter une OST sur mesure. Et que dire à part qu'elle est parfaite et qu'elle colle parfaitement à l'image? On est dans une vraie ambiance western tout en ayant la touche folle de Tarantino. Un plaisir.


Au niveau des points négatifs pour moi, il y a cette découpe du film en chapitres qui n'apporte pas grand chose et un plan que je n'ai pas compris (oui je suis tatillon)


Les ailes d'ange faites par les raquettes sur le cadavre de la pendue? J'ai pas compris le sens, à moins que ce soit purement pour la symbolique et dire qu'elle est morte.


Quoi qu'il en soit je recommande vivement ce Hateful 8 qui pour moi peut être une bonne manière de s'intéresser à l'univers de Tarantino et découvrir ainsi sa filmographie qui reste quand même unique et quasi-parfaite. Vivement le prochain Quentin !

Adrien_Ligonie
9
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le 2 févr. 2016

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Adrien_Ligonie

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