Un huis clos dans l'habitacle d'un poids lourd, des (anti) héros mutiques...On pourrait guetter l'e

n huis clos dans l'habitacle d'un poids lourd, des (anti) héros mutiques...On pourrait guetter l'ennui et pourtant le premier film de l'Argentin Pablo Giorgelli est une petite parenthèse de douceur dans un monde de brutes. Caméra d'Or Cannes 2011.


La géographie de l'Argentine favorise le road movie. Rappelons nous notamment Tan de Repente, rappelons nous surtout les films de Carlos Sorin, El cammino de San Diego ou Historias Minimas. Ce film aurait d'ailleurs pu s'appeler ainsi,"historia minima" tant la trame est simple, évidente. Un chauffeur routier (Ruben) se voit contraint de transporter dans son poids lourd une femme paraguayenne (Jacinta) accompagnée de son bébé - une fille - de 5 mois. Le voyage durera environ 1000 kilomètres, jusqu'à Buenos Aires, et 85'., Le quinquagénaire est pour le moins réticent et hésite à abandonner ses passagères dès le poste frontière. Mais petit à petit, l'homme, aussi bourru et mutique que le bois qu'il transporte, va se dérider et commencer à apprécier cette douce présence venu troubler puis égayer son univers, l'habitacle de son camion devenant le lieu privilégié d'un certain rapprochement. Nous sortirons quand même quelquefois de cet étouffant endroit, Giorgelli donnant un peu d'air à son récit par quelques scènes d'extérieur comme autant de pauses dans ce long voyage.


Comme les films de Sorin, Les Acacias est ancré dans la réalité avec des aspects documentaires. Il évoque sans doute le néo-réalisme italien aussi pour son intérêt pour les"petits" ces personnages du commun qui ne sont pas épargnés par la vie. Si sans aucun grand effet le film évite l'ennui, il évite aussi le pathos : Ruben et Jacinta vont un peu se découvrir mais par touches, autant par quelques mots, quelques confidences (le bébé n'a pas de père, Ruben a un fils qu'il n'a pas vu depuis 8 ans) que par des regards et des gestes esquissés. Tout est affaire de retenue et cela n'en est que plus touchant.


Pour son premier film, Giorgelli trouve le ton juste. L'interprétation est parfaite, notamment la petite fille de 5 mois ; à se demander comment on fait pour la faire jouer avec autant de naturel à part se mettre totalement au diapason des humeurs et désirs de ce petit bébé. En tout cas, c'est réussi sans tomber dans la niaiserie béate des photos d'Anne Geddes. Le ton juste, je vous dis...


Arrivés à Buenos Aires, cette fausse famille de circonstance va devoir se quitter, Jacinta et sa fille ont rejoint leur famille. A moins que Ruben dans un effort touchant ne propose à la jeune femme de la revoir. Le début d'une amitié future, voire plus...Nous ne le saurons pas car les Acacias se termine là , sur cette belle promesse. Tout comme ce joli film, Caméra d'or à Cannes et honoré dans de nombreux festivals, fait de son auteur une déjà belle promesse.
http://www.benzinemag.net/2012/01/10/les-acacias/

denizor
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le 30 juin 2012

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