« Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être un gangster »

Dès la première phrase, le ton est donné. Henry Hill grandit dans le Brooklyn des années 50, contrôlé par la famille Lucchese. Henry est fasciné par la vie des membres de cette famille faisant partie de la Cosa Nostra. En quête d’identité et de repères, l’adolescent d’origine irlandaise et sicilienne se construit une nouvelle famille au sein de ces affranchis et quitte rapidement le chemin de l’école et le giron familiale pour faire des petits boulots pour la mafia. Il trouve son mentor en la personne de Jimmy Conway, un affranchi charismatique de dix ans son aîné. Henry se fait petit à petit une place dans le milieu, sous l’œil attentif et bienveillant du taciturne Paulie Cicero, capo de la famille Lucchese. Il se lie d’amitié par la suite avec le jeune Tommy De Vito.


Henry (Ray Liotta), Jimmy (Robert DeNiro) et Tommy (Joe Pesci) forment un brillant trio et suivent leurs propres règles en ne tenant compte ni des règles de société, ni de celles régissant le milieu. C’est cette prise de liberté excessive qui causera leur perte. La violence est toujours explosive, sans limite et brève. On pense en premier lieu à celle qui anime Tommy, l’élément le plus instable, la forte tête du groupe. L’acteur est bluffant dans son rôle de petit teigneux colérique et a d’ailleurs reçu l’Oscar du meilleur second rôle masculin pour son interprétation.


Les Affranchis montre le professionnalisme et la talent de Scorsese. Utiliser la voix off de Ray Liotta pour la narration est une très bonne idée et renforce l’impression que ce film est le témoignage, presque un documentaire, de la vie des membres d’un cercle très fermé, où l’omerta règne, la mafia. Le spectateur se sent flatté de ce partage, narré d’une façon intimiste, et a finalement l’impression d’être privilégié.


L’affiche est à l’image du film, très sombre et inquiétante. Les Affranchis, dans la lignée de Mean Streets, nous plonge dans cet underground New-yorkais, un univers maîtrisé par Scorsese. Le réalisateur, soutenu par un casting de premier choix, donne avec Les Affranchis une belle leçon de cinéma. Et quel plaisir de voir, réunit dans un même film, plus de 20 acteurs de la série Les Soprano!

Vincent-Ruozzi
10

Créée

le 4 mars 2015

Critique lue 3.3K fois

54 j'aime

6 commentaires

Vincent Ruozzi

Écrit par

Critique lue 3.3K fois

54
6

D'autres avis sur Les Affranchis

Les Affranchis
Charlotte-Bad
9

Les Affranchis ou la démystification d'un milieu.

"Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être un gangster.". Les Affranchis, c'est l'aboutissement de toute une carrière pour Martin Scorsese. Délaissant le sujet durant les années 80, il...

le 4 mai 2012

108 j'aime

2

Les Affranchis
Docteur_Jivago
10

Ya motherfucker !

As far back as I can remember, I always wanted to be a gangster L'introduction donne tout de suite le ton, avant que Scorsese ne reprenne le récit dès le début et nous fasse suivre trente années...

le 11 nov. 2015

75 j'aime

18

Les Affranchis
Gand-Alf
10

The Nice Guys.

Vilipendé par une horde de cathos intégristes pour avoir osé mettre en images sa vision du Christ, Martin Scorsese se retrousse les manches, délaisse momentanément les sujets controversés (encore...

le 10 janv. 2017

68 j'aime

6

Du même critique

Whiplash
Vincent-Ruozzi
10

«Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes»

Whiplash est un grand film. Il est, selon moi, le meilleur de l’année 2014. Une excellente histoire alliant le cinéma et la musique. Celle-ci ne se résume pas à une bande son, mais prend ici la place...

le 20 janv. 2015

190 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
Vincent-Ruozzi
9

Sur les routes de Valhalla

Je viens de vivre un grand moment. Je ne sais pas si c’est un grand moment de cinéma, mais ce fût intense. Mad Max: Fury Road m’en a mis plein la gueule. Deux heures d’explosions, de fusillades et de...

le 16 mai 2015

182 j'aime

21

The Irishman
Vincent-Ruozzi
8

Le crépuscule des Dieux

Lèvres pincées, cheveux gominés, yeux plissés et rieurs, main plongée dans sa veste et crispée sur la crosse d'un revolver, Robert De Niro est dans mon salon, prêt à en découdre une nouvelle fois. Il...

le 29 nov. 2019

152 j'aime

10