George Fahmy est un acteur tellement adulé en Egypte qu'il est surnommé le Pharaon.

Divorcé et père d'un fils avec qui il peine à communiquer, il vit avec une jeune actrice très opportuniste de la moitié de son âge. C'est un homme très sûr de lui et de son talent. Lorsque les autorités du pays lui demandent d'incarner l'actuel Président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi dans un film à la gloire du leader, il accepte sans enthousiasme persuadé qu'il pourra mener le tournage à sa guise. Toujours séducteur, il entame en parallèle une liaison avec la magnifique (Zineb Triki) Suzanne la femme du général qui supervise le film.

Le film, impeccablement interprété, piétine un peu et c'est sa dernière demi-heure qui rehausse le niveau. Même si elle est d'une violence et d'une brutalité sans nom elle ranime l'intérêt et me semble plus conforme à l'ambiance délétère et malsaine du pays où tout le monde a intérêt à se méfier de tout le monde.

J'avais été embarquée sans réserve dans Le Caire confidentiel alors que La conspiration du Caire m'avait perdue en route. Ce troisième film (les films peuvent se voir indépendamment les uns des autres) de la trilogie égyptienne de ce réalisateur suédois d'origine égyptienne trouve étrangement son apogée lorsque la violence explose et qu'il laisse enfin apparaître les dérives dictatoriales du régime. Le défilé militaire (on croirait voir le Troisième Reich à l'oeuvre) est la scène la plus spectaculaire, la plus étonnante, la plus maîtrisée et saisissante. Ce qui suit cette scène époustouflante fait froid dans le dos.

Le film souffre aussi un peu de sa longueur. Le personnage de Lyna Khoudri, jeune actrice prête à tout pour obtenir un rôle n'est pas très intéressant et aurait pu être coupé au montage sans desservir le film. On regrette aussi que la sublime et talentueuse Zineb Triki soit trop en retrait car son personnage énigmatique aurait pu être creusé. Mais il s'agit d'un film d'hommes où les femmes (épouse, maîtresses, amie) sont sacrifiées dans tous les sens du terme.

Le personnage principal perd peu à peu de sa superbe et de son assurance. Le très charismatique et fidèle compagnon du réalisateur Fares Fares domine le film de sa taille et de son talent. Il apporte une grande humanité à son personnage chahuté.

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le 18 nov. 2025

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